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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 23:55
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Ce qui fait l’attraction principale de Nisyros, c’est son volcan. De Cos, des excursions de la journée sont organisées, petit tour dans une ville, trajet vers le volcan, retour au port et on se réembarque. Et il est bien vrai qu’il est spectaculaire, ce volcan. Ou plutôt ces volcans, car il y a deux cratères, le grand nommé Stéfanos, et le petit nommé de façon très originale Mikro (=Petit) Stéfanos.

 

On vous donne sur Nisyros un petit document de 12 pages illustré de bonnes photos, dont il existe des versions en grec, en anglais, en français, en allemand, en russe…  Et les textes en sont instructifs. Je voudrais en citer ici quelques lignes significatives: “Ce qui caractérise la deuxième explosion catastrophique de Nisyros, il y a environ quinze mille ans, c’est l’éruption de vingt milliards de mètres cubes de pierre ponce et de cendre, couvrant Nisyros, soit comme une pluie du ciel, soit comme des nuages épais incandescents de gaz et de cendre”. Ces quelques mots laissent imaginer le paysage qui résulte d’une telle explosion. Aujourd’hui, le volcan ne vomit plus de lave et sa dernière explosion remonte loin, mais il n’est pas éteint. Quand on se promène dans les volcans d’Auvergne, les paysages sont magnifiques (j’adore cette région), les volcans ont conservé leurs formes de cônes et de cratères, mais on n’y détecte pas la moindre activité, tandis qu’ici, comme nous allons le voir tout à l’heure, la nature n’est pas calme, le volcanisme se manifeste.

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Des pentes du volcan, on distingue parfaitement Stéfanos, et derrière lui sur la gauche Mikro Stéfanos dont le volcanisme n’est pas discernable, et où poussent quelques plantes: sur ces photos, dans ce tout petit cratère, on aperçoit vaguement un peu de verdure. Je montrerai tout à l’heure plus clairement son intérieur.

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Mais le grand Stéfanos, lui, est impressionnant. Avec son diamètre qui atteint trois cent trente mètres, il est, paraît-il, le plus grand cratère hydrothermal du monde… Hydrothermal, car entre un et deux kilomètres de profondeur, une eau à soixante-quinze pour cent d’origine magmatique, les vingt-cinq pour cent restants étant de l’eau de mer, est à une température de 320 à 360 degrés Celsius. Mais si en surface, au fond de la caldera, elle n’est plus qu’à cent degrés, en grande profondeur au contact des roches surchauffées et des gaz brûlants, elle atteint presque les cinq cents degrés. Ce grand Stéfanos a été formé par une explosion hydrothermale il y a environ soixante mille ans.

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

J’ai annoncé que je montrerais mieux Mikro Stéfanos, le voilà. Il est petit, certes, mais il est bien formé, bien défini. Et sur ces photos, on voit les broussailles dont je parlais. Il est cependant clair que le sol en est aride et que l’on n’y récolterait pas du blé! Il est appelé “petit”, mais comme on voit sa taille n’est cependant pas négligeable.

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Plus d’émission de lave depuis des milliers d’années, mais il y a encore des explosions hydrothermales provoquées par la pression qui monte sans cesse parce que les roches empêchent les gaz et l’eau de sortir, jusqu’à ce que cette pression finisse par faire exploser le “bouchon” de roches; Ces explosions s’accompagnent de forts séismes. Deux cratères ont ainsi été créés par une explosion de 1873, et un lors de la dernière explosion hydrothermale de Nisyros en 1887. Ma photo ci-dessus montre l’un de ces cratères nouveaux, je ne sais pas lequel. Il y a donc moins d’un siècle et demi, ce n’est rien à l’échelle des temps géologiques, il est donc possible, sinon vraisemblable que demain, ou dans dix ans, ou dans cent ans de nouvelles explosions aient lieu et que de nouveaux cratères se forment.

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Il faut remonter à la période comprise entre trente mille et quinze mille ans pour situer les émissions de lave. Ce sont elles qui ont créé, entre autres, ces deux collines. Ma première photo montre comment elles se situent l’une par rapport à l’autre, puis je montre la plus haute (698 mètres) qui est celle du Prophète Élie avec au sommet l’église qui porte le même nom, et enfin ma troisième photo représente la colline sur laquelle s’est construite la petite ville de Nikeia qui était l’objet de mon article Nisyros 02.

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Et encore cette photo pour montrer le paysage façonné par le volcan, ses dépôts de lave, ses cratères, les failles provoquées lors des séismes, un paysage dramatique mais d’une sauvage beauté. Et déjà, sur ces photos d’un peu loin, on se rend compte que la pierre et la terre sont de couleurs diverses et surprenantes.

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Il nous arrive souvent de traquer les couchers de soleil sur la mer, même si je ne publie pas à chaque fois mes photos, mais sur le volcan aussi, le coucher de soleil est magique. Sur ma photo, il est presque banal, mais il faut le vivre! Je ne peux pas faire partager autrement mes émotions à mes lecteurs, mais je suis conscient qu’il y a la même différence que lorsque l’on regarde une belle statue en photo dans un livre d’art, la Vénus de Milo par exemple, et quand, un jour, on débarque au Louvre et que l’on voit la statue  elle-même, on ressent alors une émotion très forte, qui n’a rien de commun, ou presque, avec le plaisir esthétique beaucoup plus intellectuel que l’on avait précédemment devant le livre. Oh, ma pauvre photo de ce coucher de soleil…

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Revenons à la lumière et regardons les sols. Un géologue expliquerait tout ce que l’on voit, ce dont je suis incapable. Je ne sais pas identifier les roches. Mais même sans mettre de nom sur chacune, il n’est pas interdit de s’extasier devant ce travail de la nature!

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Ici il n’est pas nécessaire d’être spécialiste pour comprendre que ce sol s’est craquelé en séchant. Et si c’est en séchant, c’est une lapalissade de dire qu’il a été humide. Or ce n’est pas une pluie, même une pluie d’orage, qui a suffisamment détrempé le sol pour en faire de la boue qui va se craqueler en séchant. Conclusion, ce sont des eaux hydrothermales qui se sont répandues et qui sont à l’origine de ce sol.

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Sur le sol, dans la roche, un peu partout et sous toutes les formes, on voit ce jaune caractéristique du soufre. Et d’ailleurs, même si on ne le voyait pas, on le sentirait. Sur ma dernière photo ci-dessus, il semble apparaître au milieu de la neige. Non, nous sommes en septembre, et sous cette latitude il fait très chaud encore, pas question de neige. Je ne sais pas ce qu’est cette substance blanche à laquelle le soufre est mêlé. Tellement mêlé, même, que je suppose que ces deux substances chimiques ont été transportées vers la surface par les mêmes eaux.

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Extrêmement surprenante est cette roche rouge. Parce que je n’y connais rien en pétrographie et en géologie, je dirais, en pensant par exemple à la Colonne Brûlée d’Istanbul ou au sarcophage de Théodoric à Ravenne, que c’est peut-être du porphyre rouge… car je crois savoir que le porphyre est une roche volcanique, alors pourquoi n’en serait-ce pas? À moins que ce ne soient des scories?

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Tout à l’heure, je parlais d’eaux venant du sous-sol et qui, en séchant, ont laissé des craquelures. Ici cette mare boueuse ne peut que provenir de l’hydrothermalisme car il n’a pas plu sur Nisyros depuis longtemps, et aucune rivière, aucun ruisseau de surface ne coule dans ce cratère. Sur la droite de la première photo, on aperçoit ce que je montre en plus gros plan sur la seconde photo, des trous dans le sol boueux. Il s’agit de ne pas s’avancer trop près, de très fins piquets à peine discernables sur ma photo signalent le danger, car le sol est très instable, chaud et acide. Par ces trous, s’échappent des gaz. Chaque jour, ce sont soixante-huit tonnes de dioxyde de carbone CO2 qui sont relâchées dans l’atmosphère par l’ensemble des volcans de Nisyros. Soixante-huit tonnes! À titre de comparaison, je recherche sur Internet l’émission de CO2 d’une voiture de taille moyenne, par exemple une Peugeot 308 essence, moteur 1,2 litre, et je trouve, selon la configuration, des rejets variant de 95 à 119 grammes par kilomètre. Dans la journée, supposons un trajet Paris-Toulouse, viamichelin.fr me donne 677 kilomètres; à raison par exemple de 115 grammes par kilomètres cette voiture polluera de près de soixante-dix-huit kilogrammes. Il faudra quand même qu’une écurie de 873 voitures effectuent ce trajet le même jour pour polluer autant que Nisyros. Et en comparant la superficie de Nisyros (41,4 km²) avec celle de la France métropolitaine (551,8 km²), ce sont 11637 Peugeot 308 essence qui vont faire le trajet Paris-Toulouse chaque jour. Oui, je sais, il y a en France beaucoup plus de kilomètres parcourus chaque jour, et avec des voitures plus polluantes que celle de mon exemple, mais je voulais seulement montrer que l’émission de CO2 dans des proportions non négligeables était également due à la nature elle-même.

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Et ici c’est la même chose, de petits trous laissant échapper des gaz, mais ils se trouvent au fond d’une dépression plus grande. Sans doute y a-t-il eu des fumerolles, mais je n’en ai pas vu. Ces fumerolles, est-il dit, sont des gaz sortant à environ cent degrés, riches en eau, mais aussi en dioxyde de carbone CO2, en sulfure d’hydrogène H2S, en hydrogène simple H2, en méthane CH4.

Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014
Nisyros 05, le volcan Stéfanos. Les 12 et 13 septembre 2014

Ce que l’on voit ici est spectaculaire, parce qu’il se passe quelque chose sous nos yeux. Cette boue bouillonnante est à environ cent degrés, et elle est très acide, avec un pH variant entre 1,5 et 3,0. Le pH neutre étant de 7 entre le plus acide 0 et le plus basique 14, de nouveau, je vais user de comparaison: le pH du jus de citron est compris entre 2,4 et 2,6 ce qui permet de se rendre compte que ces émanations sont très acides. Comme, en outre, le sol est très instable aux alentours de ces mares de boue bouillonnante, on comprend qu’il est préférable d’être prudent et de ne pas trop s’en approcher pour éviter de glisser et d’y tomber.

 

Voilà donc quelques images de ce passionnant volcan, si beau, et quelques petites données, très petites, à la mesure de mes compétences! Mais nous avons visité le musée du volcan à Nikeia, et ce sera le sujet de mon prochain article.

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