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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 21:52

564a Palermo, chiesa San Giuseppe dei Teatini

 

 

Pas de visite préparée et documentée aujourd’hui, nous nous promenons pour sentir l’air de la ville. Il nous paraît important, pour comprendre ce que nous voyons, de nous faire un peu Palermitains à Palerme, Romains à Rome ou Napolitains à Naples. Mais cela n’exclut pas de nous arrêter si nous passons devant une église qui nous semble intéressante, comme celle-ci, consacrée... je ne sais plus à qui. J'avais publié mon article en disant "si je ne me trompe pas de nom, c’est San Giuseppe dei Teatini". Et puis un lecteur de mon blog, Jean, m'a fait l'amitié de me dire que ce n'était pas Saint Joseph. Si quelqu'un la reconnaît et m'écrit je pourrai enfin la nommer ici. Une grande église couverte de stucs.

 

564b Palerme, église San Giuseppe dei Teatini

 

Au plafond de la voûte, je dois avouer ne pas être complètement séduit par cette fresque perdue au milieu des stucs. Mais on ne peut pas dire que la décoration soit triste ou pauvre. C’est foisonnant.

 

564c Palermo, chiesa San Giuseppe dei Teatini

 

564d Palerme, église San Giuseppe dei Teatini

 

L’atmosphère est curieuse. D’un côté, ce catafalque de verre, vide. Il est fréquent, en Italie, de voir des personnages, saints en général, parfois embaumés mais le plus souvent en statue de marbre, de cire ou de plâtre, habillés de vrais vêtements et reposant dans un cercueil de verre comme celui-ci. Mais d’une part c’est sous un autel dans une chapelle latérale ou dans la crypte, sous le maître-autel s’il s’agit d’un grand saint, et pas entre deux piliers de la nef principale. Par ailleurs, celui-ci est vide, je veux bien que la représentation du personnage soit en restauration, mais ce velours noir… cet éclairage…

 

Et puis, entre les deux piliers symétriques, de l’autre côté de la nef, cette Madone tout en deuil, dans son grand manteau de velours noir, sur son autel tout noir, je ne sais si elle a un rapport avec la châsse de verre. Mais dans cette église, nous sommes seuls, à l’exception d’une petite fille et de sa maman qui ont choisi cette église comme aire de jeux, courant d’un bout à l’autre, sans doute parce qu’il y fait plus frais que dans la rue ou dans un parc public, je ne crois pas qu’elles puissent être en mesure de m’éclairer. Nous repartons donc, sans savoir s’il s’agit d’une célébration spécifique et temporaire ou si, tous les jours de l’année, la châsse est vide et la Vierge est en deuil.

 

564e1 Palerme, église Sainte Anne

 

Plus loin, nous passons devant l’église Sainte Anne. La chiesa Sant’Anna. Nous nous y arrêtons un moment, d’autant plus que sainte Anne est la patronne de ma si chère tante qui nous a quittés en 1997, et de la maman de Natacha, partie en 2003. Devant la façade, un panneau dit qu’elle a été construite de 1606 au dix-huitième siècle. Non qu’il ait fallu plus d’un siècle pour l’édifier, mais parce que, suite aux terribles tremblements de terre de 1693 et 1726, une rénovation de 1736 a donné à la façade ses formes courbes, ses colonnes, ses niches. Et dans ces niches, on voit Joachim avec sa fille Marie, Anne également avec Marie, une Pietà au-dessus du portail central, Élisabeth avec Jean-Baptiste et Joseph avec Jésus, soit pour les quatre niches latérales quatre grands saints avec leur enfant.

 

564e2 Palerme, église Sainte Anne

 

C’est donc la statue de sainte Anne avec la Vierge enfant que je choisis de montrer ici en gros plan. Ces statues ont été sculptées d’après des modèles réalisés par le célèbre sculpteur Serpotta (1652-1732).

 

564f1 Palermo, chiesa di Sant'Anna

 

Cette église a beaucoup souffert. Au dix-neuvième siècle, des tremblements de terre l’ont mise à mal, faisant presque complètement disparaître les fresques réalisées de 1734 à 1736 par Pietro Paolo Vasta. Construite sur le fleuve Kemonia qui a été recouvert, elle est particulièrement fragile, et en septembre 2002 un nouveau tremblement de terre a causé de graves dommages à la façade, à la voûte, aux revêtements de marbre, etc. Des éléments tombaient, elle était devenue dangereuse. Des travaux de rénovation indispensables ont été entrepris, qui ont duré près de trois ans. Et un an après l’inauguration de l’église rouverte, des infiltrations ont obligé à placer des seaux sur le maître-autel et en d’autres endroits, car il pleuvait dans l’église.

 

Un religieux était là, dans un bas-côté, assis sur une chaise, un déambulateur devant lui. Il n'est pas le curé de la paroisse, car je sais que c’est le même Père Giuseppe Messina qui depuis plus de quarante ans préside aux destinées de cette église, or, interrogé, il nous a dit être le frère Michele Caseio Lugurgio, T.O.R. Constatant que nous nous intéressions à ce que nous voyions, il s’est levé, malgré sa difficulté à marcher il est allé allumer des lumières, il a attiré notre attention sur ceci ou cela, nous a donné des explications. Il est merveilleux de rencontrer des personnes qui sont tout à la fois illuminées par une grande chaleur humaine et emportées par la passion de leur ville, de leur rue, de leur église. Merci à vous, Frère Michele, pour ce que vous nous avez apporté. Désormais, l’église Sant’Anna n’est plus un bâtiment dans lequel nous sommes entrés par hasard et dont nous sommes ressortis après un vague coup d’œil de touriste blasé.

 

564f2 Palermo, chiesa di Sant'Anna

 

Ce visage de Jésus a été peint en 1974. Je ne dirai pas que je trouve ce tableau merveilleusement beau, loin de là. Si je le présente ici, c’est pour une tout autre raison. Il est assez fréquent que, lorsque vous vous déplacez, le regard des personnages des tableaux vous suivent. Certes il faut du talent pour cela, mais ce n’est même pas réservé aux peintres de génie, comme Léonard de Vinci avec sa Joconde. Mais ce n’est pas le cas avec ce visage de Christ. Lui ne suit pas le spectateur, mais le peintre a utilisé une technique qui permet de voir les yeux ouverts ou fermés selon l’endroit d’où on le regarde. C’est un effet très curieux, utilisé parfois sur des images ou des vignettes pour enfants où l’on voit un personnage marcher, par exemple, mais d’une part cet effet fait appel à deux images différentes sur une surface non plane, faite de rayures sur chacune des deux faces desquelles est imprimée l’une des images. Selon l’orientation de la vignette on voit l’un ou l’autre versant des rayures, donc l’une ou l’autre image. Ici, sur la toile, je n’ai rien vu de tel. Et d’autre part, dans une église, pour une représentation du visage de Jésus, c’est loin d’être courant. J’ajoute que j’ai eu la surprise, à deux ou trois reprises, de voir ce même effet sur ma photo, qui par définition n’est faite que d’une image, prise d’un seul endroit au 1/60e de seconde (diaphragme F/5 et longueur focale 51mm). Quelle est cette technique, je l’ignore.

 

564g1 Palerme, église Ste Anne, Judith et Holopherne

 

Cette église, je l’ai dit, était recouverte de fresques qui ont presque complètement été détruites par les tremblements de terre du dix-neuvième siècle qui ont décollé le plâtre peint des parois. Il reste bon nombre de peintures sur toile encadrées. Très rapidement, en voici quatre. La première, c’est clair, représente Judith tranchant la tête d’Holopherne.

 

564g2 Palerme, église Ste Anne, Anne et Marie

 

Ma seconde photo est un détail d’un grand tableau représentant Anne et Marie parmi de nombreux personnages. Malgré la lumière qui se réfléchit sur la peinture brillante faisant apparaître une constellation de pixels bleus sur ma photo, j’ai eu envie de montrer le visage plein de tendresse de cette mère âgée pour sa fille. On se rappelle que Joachim, riche, faisait chaque année des dons au temple, mais qu’une année le grand prêtre l’a arrêté, lui disant qu’il n’avait pas le droit de faire ces présents parce qu’il n’avait pas de descendance. Très triste parce que son couple, uni d’un fort amour, était stérile et désormais trop âgé pour garder quelque espoir, il n’est pas rentré à la maison. Sa femme Anne, de son côté, désespérée de la disparition de son mari depuis plusieurs jours et également triste de ne pas avoir enfanté, priait jour et nuit. Et l’on sait la suite, elle a donné naissance à Marie.

 

564g3 Palermo, chiesa di Sant'Anna

 

Et puis ma troisième photo, je crois deviner ce qu’elle représente. En regardant d’autres tableaux dans le même secteur, je pense qu’il s’agit de saint Antoine de Padoue, et de plus cela semble bien être un miracle dont j’ai entendu parler. D’être docteur de l’Église n’en fait pas un docteur en médecine, en principe, mais un jour qu’un jeune homme était venu confesser avoir donné à sa mère un coup de pied si violent qu’elle était durement tombée à terre, Antoine lui dit, façon de parler, qu’un pied qui frappe sa mère mériterait d’être coupé sur le champ. Et voilà que notre homme, repentant et prenant ces paroles au mot, rentre chez lui et se coupe le pied. Son entourage trouve qu’Antoine y est allé un peu fort dans la prescription de pénitence, et l’on va le trouver pour lui en faire le reproche. Antoine se récrie que ce n’est absolument pas ce qu’il a voulu dire, il se précipite chez cet homme, pose le pied en face du moignon et, d’un signe de croix, recolle le tout. Plus je regarde cette image, et plus je trouve des éléments qui confirment mon hypothèse.

 

564g4 Palermo, chiesa di Sant'Anna

 

Quant à la photo du dernier tableau, c’est une représentation d’un sujet très traditionnel, sainte Anne apprenant à Marie à lire. Cette petite fille qui tient un livre ouvert sous le regard de sa maman, pas de doute, c’est bien cela. Cette peinture est très endommagée dans la partie inférieure ainsi qu’au niveau de la main gauche de sainte Anne et, comme elle est entourée de marbre et ne se présente pas comme un tableau je me demande s’il ne s’agit pas d’une de ces fresques miraculeusement réchappées de la destruction lors des tremblements de terre.

 

564h Palerme,église Ste Anne, Anne et Marie

 

Cette statue de bois représentant Anne et Marie est ancienne, quoiqu’affublée de ces auréoles électriques. Lors des grandes fêtes solennelles, c’est elle qui est portée en procession dans les rues du quartier.

 

564i1 Palermo palazzo Abatellis

 

564i2 Palerme, palais Abatellis

 

Lors de notre promenade, nous passons devant le palazzo Abatellis qui date de 1495 et qui, aujourd’hui, abrite le musée régional d’art de Sicile. Il ferme à 13 heures chaque jour, il n’est pas question de le visiter aujourd’hui. D’ailleurs ce n’était nullement dans notre programme. Il paraît qu’il est très riche et très intéressant, Bibendum lui attribue deux étoiles (mais jusqu’à trois étoiles pour une œuvre particulière), pas de doute, nous devrons y revenir un matin. Je me contente donc de cette photo de sa façade gothico-catalane et de la décoration de son dessus de portail. Dans cette rue extrêmement étroite, il n’est pas facile de faire une photo qui donne une idée de ce à quoi il ressemble. Mais un de ces jours je montrerai ce qu’il contient, si par chance la photo y est autorisée. Nous continuons à nous promener encore quelques heures, mais sans autres visites particulières.

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