6 mai 2012
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Hier 29 février, nous avons fait escale quelques heures à Amsterdam et en avons profité pour faire un saut de l’aéroport au musée Van Gogh. Or en attendant de prendre très tôt demain matin l’avion pour Athènes, nous passons la journée d’aujourd’hui et les deux nuits qui l’encadrent chez mes très chers sœur et beau-frère à L’Isle-Adam. C’est-à-dire tout près d’Auvers-sur-Oise où est mort Van Gogh et où il est enterré. Nous nous devions donc, ce matin, de nous rendre sur les lieux.
Comme son nom l’indique, Auvers-sur-Oise s’est développée au-dessus de la rivière, juste après le pont qui l’enjambe. Ce sont de doux paysages que nous traversons en cette matinée ensoleillée de la fin de l’hiver.
Vincent Van Gogh constitue le lien culturel et charnel qui unit les villes jumelées de Zundert pour les Pays-Bas et d’Auvers pour la France, où le grand peintre a commencé et terminé sa vie. Deux pays dont il me plaît de parler de la frontière commune, pour me faire prendre pour un ignare en géographie. Selon mon humeur du moment, ou bien je laisse mon interlocuteur rire de moi, ou bien j’évoque, après un temps, la frontière entre les deux parties de l’Antille de Saint-Martin…
Au cimetière d’Auvers, on ne peut imaginer une tombe plus simple, plus modeste, pour le grand Vincent et pour son frère aimé et attentionné Théo.
Mais faisons un très bref tour en ville. L’escalier qui monte vers l’église, du côté du portail principal, à l’ouest (alors que l’accès simple et de plain pied par la rue qui monte vers le cimetière est du côté de l’abside) est un bel escalier ancien présenté comme accès d’honneur et classé, inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1947.
Nous sommes au dixième siècle dans le Vexin français. Ces terres appartiennent au roi de France Philippe Premier, qui y fait construire ce qui ne doit être qu’une chapelle. Mais en 1131 son fils Louis VI le Gros en confie l’administration à l’abbaye Saint-Vincent, située dans le Valois, à Senlis. Elle restera six siècles et demi dans le giron de cette abbaye, jusqu’à la Révolution Française. Peu à peu, la chapelle devient église. En 1170, on en construit l’abside et le clocher, de 1190 à 1220 c’est la nef. En cette première moitié du treizième siècle, elle devient église paroissiale, et c’est un religieux de l’abbaye de Senlis qui, toujours, en sera le curé. Le pape Paul V, le 10 avril 1607, accorde à tous les fidèles qui auront visité dévotement cette église le jour de la Fête Dieu (60 jours après Pâques), une indulgence plénière pour la rémission de tous leurs péchés. Après des jours brillants où l’église a compté jusqu’à sept vicaires pour seconder le curé, c’est la décadence et, en 1771, alors qu’il n’y a plus qu’un seul vicaire, l’église doit vendre aux enchères ses bancs pour subvenir à ses frais d’entretien. La Révolution exige que les prêtres signent la Constitution Civile du Clergé. Il y eut beaucoup de prêtres réfractaires, mais à Auvers le curé et son vicaire signent docilement, en janvier 1791. Ainsi, après avoir été fermée, après avoir passé le temps de la Terreur, l’église peut reprendre cahin-caha son fonctionnement en lieu de culte.
Mais c’est évidemment grâce à l’un des plus célèbres tableaux de Van Gogh que cette église Notre-Dame d’Auvers est universellement connue. La Municipalité a eu l’excellente idée de placer un panneau représentant le tableau de l’artiste, là où Van Gogh avait installé son chevalet, ici devant l’abside gothique du douzième siècle (on le distingue vaguement en bas à droite de ma photo) et en d’autres endroits de la ville. On peut ainsi voir comment a été interprétée la réalité.
Dans le clocher, trois cloches : Madeleine-Marie date de 1733 et donne le mi. Van Gogh, mort en juillet 1890, n’a jamais eu l’occasion d’entendre les deux autres cloches, qui donnent le ré et le fa dièse, installées en 1891, quelques mois après sa mort.
Sut le flanc droit de l’église, le portail s’orne d’un beau tympan représentant la Vierge emportée par des anges. Je suppose qu’il s’agit de l’Assomption.
L’intérieur, la nef, les chapiteaux sont de style gothique classique. La grande rosace qui surmonte le portail, à l’ouest, a dû être entièrement refaite en 1876. Elle, Van Gogh l’a connue.
La chapelle latérale gauche est consacrée à saint Joseph. On peut admirer, sur l’autel, le grand tabernacle de bois doré qui date du dix-septième siècle.
Avant de quitter l’église et de quitter Auvers-sur-Oise, je remarque encore, dans cette chapelle Saint Joseph, cette statue de sainte Anne tenant avec affection Marie, sa fille, par l’épaule.