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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 01:02

En France, les rois ont résidé dans ce qui est aujourd’hui le Palais de Justice de Paris, puis au Louvre, c’est-à-dire au cœur de leur capitale. Mais il y a eu aussi Fontainebleau, Saint-Germain où est né le futur Louis XIV, et bien sûr Versailles. De même, à Naples, il y a les palais qui se trouvent au sein de la ville, mais également Caserte. Il convenait aussi de disposer d’une résidence assez éloignée du Vésuve pour pouvoir s’y replier rapidement en toute sécurité. C’est là que nous nous rendons aujourd’hui.

 

509a1 Caserta, course cycliste

 

509a2 Caserta, course cycliste

 

Lorsque nous quittons l’autoroute, selon le GPS nous devons aller tout droit et nous arriverons bientôt au château, mais des policiers interdisent la grande rue qui traverse la ville, et nous dévient vers de petites rues où notre véhicule de sept mètres de long et plus de deux mètres de large a bien du mal à se faufiler entre les voitures qui –Italie oblige– se garent des deux côtés, en toute illégalité. Et puis finalement cette déviation improvisée nous fait retomber sur la rue principale un peu plus loin. Des motards de carabiniers, excédés par les erreurs de leurs collègues de la police municipale, nous font signe de les suivre, et vite, vite, vite. Puis ils montrent une espèce de cour où nous devons nous garer de toute urgence. En fait, il s’agit d’une course cycliste, et pas n’importe laquelle : c'est le Giro d'Italia. Notre parking pourri est juste après une courbe, et de l’entrée nous avons une vue sur la venue des coureurs, sur leur virage, puis ils passent devant nous à deux mètres et enfin nous pouvons les suivre de dos. L’endroit est idéal. Hélas, je ne suis pas un passionné de cyclisme ; aussi suis-je incapable de reconnaître les coureurs. Ce soir, sur Internet, je trouve quelques photos de l’épreuve et quelques photos de coureurs, mais j’aurais bien voulu savoir qui était en tête, le maillot rouge à manches blanches, hélas il n’est sur aucune des images que j’ai trouvées. Pour qui aime ce sport, je mets une photo de l’échappée au moment où les coureurs se penchent pour prendre le virage et une du peloton qui suit à environ 2 minutes (je n’ai pas eu le réflexe de chronométrer).

 

509b1 Caserta, palais royal

 

509b2 Caserta, palais royal

 

Natacha, qui n’avait absolument rien à faire des coureurs, a préféré préparer le déjeuner. Un peu tôt, mais au moins ce sera fait, et elle aura mis à profit cet arrêt obligé. Car l’attente des coureurs, la course, la caravane du tour, tout cela a bien duré 45 minutes avant que l’on puisse repartir. Et nous voici devant ce château. Intelligemment, la municipalité (ou l’État ?) a prévu un parking souterrain à proximité immédiate, assez haut pour accueillir bus de tourisme et camping-cars.

 

C’est Charles de Bourbon (Charles V de Sicile, Charles VII de Naples, Charles III d’Espagne… tous ces numéros-là pour un seul homme, mais rien que des impairs) qui a construit ce palais, dont l’architecte a été le fameux Vanvitelli. C’est que depuis Versailles, bien des souverains ont voulu copier Louis XIV. Il y a eu, évidemment, Pierre le Grand à Saint-Pétresbourg, mais le royaume de Naples aussi a voulu son Versailles. Et puis le royaume des Deux-Siciles est lié à celui d’Espagne, et Charles pensait aussi au palais royal de Madrid. La construction s’est étalée de 1752 à 1780.

 

509c1 Caserta, palais royal

 

Les jardins sont réputés splendides, aussi prenons-nous notre billet groupé château et jardins. Nous commençons la promenade, mais le parc est immense, il y a plusieurs kilomètres à parcourir avant d’arriver aux fontaines. Nous marchons, mais un petit bus électrique passe à notre portée, nous le prenons pour gagner du temps. Et voilà qu’il commence à pleuvoir. Quand, dix minutes plus tard, il nous dépose au bout du parc, ce sont des trombes d’eau qui se déversent sur nous. Et avec un vent qui fait qu’aucun parapluie ni aucun imperméable ne peut nous protéger. En regardant ma photo de près, on voit les traînées de pluie, très denses et très obliques.

 

509c2 Caserta, palais royal

 

Trempés comme des soupes, nous renonçons à aller jusqu’à la grande cascade, qui doit en effet être magnifique lorsqu’elle n’est pas entr’aperçue à travers un épais rideau de pluie. Et pour la photo, c’est bien difficile. Nous essayons de nous abriter sous les arbres (malgré la violence, ce n’est pas un orage, il n’y a ni éclairs, ni tonnerre, donc pas de danger d’être foudroyé), mais le déluge transperce le feuillage, et ça dure, ça dure…

 

509c3 Caserte, palais royal

 

Enfin, le petit bus électrique se décide à repasser. Nous nous y précipitons. Il y a déjà trois personnes trempées qui s’y trouvent (il est minuscule, il ne comporte que six places). En arrivant, nous retirons nos imperméables trop perméables et nos pull-overs pour que nos chemises sèchent plus facilement. Fin de l’épisode jardins.

 

509d Caserte, palais royal, chapelle

 

La chapelle royale. Rien à voir avec la magnificence de la chapelle de Montecavallo à Rome, par exemple. Ni même, pour l’ampleur, avec la chapelle du palais de Naples où nous étions jeudi dernier (le 13). Mais les marbres du sol sont particulièrement somptueux.

 

509e1 Caserta, palazzo reale

 

 509e2 Caserta, palazzo reale

 

Nous empruntons le grand escalier pour accéder aux appartements. En haut, deux beaux lions de marbre nous attendent. Ils sont impressionnants. Aujourd’hui, il y a des classes avec leurs enseignants. Plusieurs gamins, sous l’œil de leur instituteur qui ne juge pas bon de les en empêcher, et devant les gardiens indifférents, montent sur le dos des lions, les chevauchent en leur donnant des coups de talon comme pour les éperonner, et se font photographier dessus par des gamines en admiration devant ces mâles qui affrontent des fauves. Je trouve que c’est peu de respect pour des œuvres d’art. Et tout à l’heure, en rentrant, quand nous avons commenté notre journée avec l’homme de l’accueil (nous sommes ici depuis si longtemps, vingt-six jours, que nous ne sommes plus des clients anonymes), il nous a dit "Oh, c’est amusant, justement mon fils était à Caserte cet après-midi avec son école". J’ignore s’il était concerné par ce jeu sur le lion...

 

509f Caserta, palais royal

 

Dans l’une des premières salles que nous visitons, nous voyons cette sculpture qui confirme la théorie freudienne de la puissance mâle. Le vainqueur met le pied sur sa victime, et l’homme terrassé tourne la tête pour regarder sous la jupette du puissant qui lui dit : "Hein, tu vois que je suis un mec !"

 

509g1 Caserta, palais royal

 

La salle du trône a été commencée en 1827, les travaux ont été interrompus lors de la mort du roi, ils ne reprendront qu’en 1839. La fresque du plafond, extrêmement longue et étroite parce que la salle est extrêmement longue (quoique pas si étroite que ça), représente la pose de la première pierre du palais. Elle date de 1844. Année de la naissance de Verlaine.

 

509g2 Caserta, palais royal, Achille et Hector

 

Parce que nous sommes dans le salon de Mars, la fresque du plafond se doit de représenter une scène en relation avec le dieu de la guerre. En 1815, Antonio Galiano y peint La Mort d’Hector et le triomphe d’Achille. Légende grecque, par conséquent mieux vaudrait parler du dieu grec Arès plutôt que du dieu romain Mars. Passons sur ce détail. De 1808 à 1815, les Bourbons se sont exilés à Palerme, parce que le royaume de Naples est tombé aux mains des Français, et c’est Joachim Murat qui assume les fonctions de roi de Naples, c’est lui qui a fait, à Naples, la piazza del Plebiscito et la façade du palazzo reale, et c’est aussi à lui que l’on doit cette salle.

 

509h Caserta, palais royal

 

Je montre les fresques des voûtes, mais pas leur environnement. Or les plafonds, autour des peintures centrales, ruissellent d’or. Ci-dessus, c’est une retombée de plafond sur les murs, dans un angle de la pièce.

 

509i Caserta, palais royal, salle de bains

 

Nous sommes dans les appartements de la reine. La coiffeuse avec un petit miroir, une belle baignoire de pierre, c’est certes beau mais pas exceptionnellement luxueux comme on aurait pu s’y attendre. Mais c’est un lieu intime, et il est évidemment plus chaleureux avec une certaine simplicité de décor que perdu dans un luxe excessif.

 

509j Caserta, palais royal, bibliothèque

 

Il y a trois bibliothèques en enfilade. Celle-ci est la première. Elle date de 1784, et nous la voyons aujourd’hui conforme à l’inventaire de 1799. On remarque, au-dessus des meubles de bibliothèque, des "vases à l’étrusque", comme dit l’inventaire, de formes diverses et (ce qui ne peut se voir sur ma photo) de décors variés.

 

509k1 Caserta, palais royal, crèche

 

509k2 Caserta, palais royal, crèche

 

509k3 Caserta, palais royal, crèche

 

N’oublions pas que nous sommes en Campanie, tout près de Naples, aussi ne pouvons-nous couper à la crèche. Ici aussi c’est très beau, plein de détails pris sur le vif. Je choisis ces trois images parce qu’elles sont significatives de la variété des sujets. On y voit le goût de l’exotisme avec ce cavalier africain dans son magnifique costume. On y voit le désir de montrer les productions régionales et, la Région étant bordée par la mer, bien des gens y vivent du produit de la pêche, aussi cet étal d’un marchand de poisson n’a-t-il pas été oublié. On y voit des scènes de genre, comme cette jeune femme sur son balcon, la traditionnelle corde à linge tendue devant la façade, et des draps jetés dessus. Et toujours, pour reproduire la réalité de la vie, des animaux familiers, un chat tenté par les poissons du marchand, un petit chien sur le balcon.

 

Il y a bien des salles à traverser, bien des tableaux à admirer, beaucoup de choses à voir. Nous avons passé l’après-midi entier et nous sommes quasiment les derniers à sortir. Pour rentrer à Pompéi, nous devons prendre l’autoroute de Naples, contourner la ville, et continuer en direction de Salerne. Or l’autoroute, entre Caserte et Naples, longe un grand centre commercial Carrefour, et un village de magasins d’usine. Natacha aime bien aller à Troyes, et moi aussi d’ailleurs c’est souvent là que je m’habille. Voyant ce centre, son cœur bat la chamade (une Troyes napolitaine !), nous devons absolument nous y arrêter. Le centre est tout neuf, il vient d’ouvrir. La présentation est très sympa, très jolie, très attrayante, mais en fait les prix ne sont pas très intéressants. À Troyes, il m’arrive de payer un costume de marque à 20% de son prix parisien. Ici, ce sont les rabais annoncés qui sont de 15 à 20%. Finalement, nous ne nous arrêterons qu’à la boutique Lindt pour déguster un chocolat chaud délicieux, à l’orange pour Natacha, à la cannelle pour moi, et pour repartir avec un sachet de chocolats.

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