22 avril 2012
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Nous avons quitté la belle Santorin pour visiter Folegandros, une Cyclade que je n’avais pas programmée a priori mais qui nous a été recommandée par plusieurs personnes, et au moment où j’écris ces lignes, après l’avoir visitée, je ne suis pas déçu, loin de là. Mais d’abord, ces deux vues de Thera, l’île principale du volcan de Santorin, d’abord la côte après avoir quitté le port, et ensuite l’agglomération d’Oia.
Notre ferry fait d’abord une escale sur l’île d’Ios. Le paysage semble valoir une promenade, mais on ne peut pas tout voir, tant pis, nous ferons l’impasse sur cette île. Le ferry embarque quelques voitures, ce gros semi-remorque, et repart.
Il en ira de même pour l’île de Sikinos. Nous zappons. Son paysage, vu du port, ressemble à celui d’Ios. Et nous voilà partis pour Folegandros.
Ça commence mal. Je n’ai pas été capable de prendre en photo ce que je voulais montrer. Pour se garantir des invasions, qu’il s’agisse des pirates qui pillent les îles, font des prisonniers pour vendre les hommes comme esclaves, les femmes dans les harems, et massacrent le reste des populations, ou qu’il s’agisse des colonisateurs désirant accroître leurs possessions, les habitants de Folegandros ont, comme ailleurs, privilégié les sommets de falaises pour bâtir leurs villes et villages, mais en outre, ici, la ligne de maisons la plus proche du bord de la falaise constitue une défense supplémentaire, avec un mur épais dépourvu de toute ouverture. Les maisons, soudées les unes aux autres, servent de rempart pour le cas où l’ennemi serait parvenu à se hisser au sommet de la falaise, pourtant haute et verticale.
La plupart des paysages de Folegandros sont arides. Par endroits, là où l’on peut trouver de la terre arable, des terrasses ont été aménagées pour retenir l’eau autant que possible.
Ailleurs, c’est la roche, une végétation pauvre et sèche. On ne rencontre pas de fermes, car il ne peut y avoir ni culture, ni élevage, même près de la mer. Certes c’est dur pour les habitants, mais pour le visiteur c’est grandiose et dépaysant. Seules, ici ou là, surgissent des églises toutes blanches au milieu de nulle part. La troisième photo est prise sur la route qui va, en quelques kilomètres, du port à la capitale.
Voilà le genre de plantes que l’on trouve lorsque la roche n’est pas nue. Comme on le voit, ce n’est pas la Beauce…
Le village est extrêmement sympathique. Face à l’église, la place ombragée étale ses tables de café ou de restaurant selon l’heure. Je me suis amusé à prendre un panoramique de la ligne de maisons alternant, sur les murs blancs, les portes et fenêtres vertes ou bleues.
Comme partout dans les Cyclades, les maisons sont blanchies à la chaux, le bleu prédomine pour les huisseries, il y a des escaliers dans les rues que des constructions enjambent. Mais ici le style est particulier, je ne peux pas dire que je me crois dans le Kastro de Naxos ou dans le cœur de Syros. Peut-être parce que la ville est construite sur un terrain plus plat, mais surtout parce que l’architecture des maisons est propre à Folegandros, ce sont comme des lignes d’immeubles sur deux niveaux, avec accès à l’étage supérieur par un escalier extérieur.
La ville a encore plus de cachet lorsque l’on se trouve dans une rue étroite, où les escaliers, à droite et à gauche, resserrent le passage ou, alternés, font zigzaguer le tracé. Parce qu’il fait chaud, comme n’importe quel touriste je suis en T-shirt, mais heureusement pour mon propre coup d’œil sur Folegandros il n’y a pas d’autres touristes (ou très peu), ce qui permet de préserver aux lieux leur cachet authentique.
Même cette grande porte de hangar, là où les rues débouchent sur une place avec son église, ne parvient pas à rompre le charme de la promenade. Oui, décidément, ceux qui nous ont conseillé cette escale à Folegandros ont eu bien raison. Au premier rang d’entre eux, Eleni (Hélène), la patronne du camping, avec qui nous entretenons des relations amicales et à qui j’avais montré mon projet de visites sans cette île. Non seulement elle nous a conseillé de l’ajouter, mais aussi elle nous a signalé qu’en cette saison les vents, à l’est de la mer Égée, pouvaient devenir violents et qu’il valait mieux commencer par les îles orientales et tourner dans le sens des aiguilles d’une montre que l’inverse, qui était mon projet initial. Deux judicieux conseils que nous avons suivis.
Et puis il y a, là-haut au-dessus du bourg, accessible par un petit chemin tout zigzaguant, bien aménagé, la grande église de la Panagia.
Nous avons donc entrepris cette ascension. En chemin nous avons rencontré cet âne qui, lorsque nous sommes arrivés, tentait de trouver quelque chose à manger, mais en nous voyant il a fait ce grand geste de la tête. Ne parlant pas le grec, et encore moins celui des ânes, je n’ai pu lui demander s’il nous faisait signe "c’est par là, braves gens", ou s’il voulait manifester "je ne veux pas voir de touristes sur mon chemin". Sympa ou non, je ne saurais le dire.
Comme on peut le voir, l’architecture de cette église est complexe, mais elle est belle et imposante. Sur le flanc, un escalier aussi blanc que les murs permet de monter sur le toit. Ce que, bêtement, je n’ai pas manqué de faire. De là-haut, finalement, la vue n’est pas bien différente de ce qu’elle est du parvis. De l’un comme de l’autre endroits, elle est vaste et superbe.
Sur la base du clocher est fixée cette plaque de marbre. La Panagia à laquelle est dédiée l’église, cela veut dire "la Toute Sainte", c’est-à-dire la Vierge. Comme l’Église catholique, l’Église orthodoxe croit à la virginité de Marie dans la conception de Jésus, mais dans l’usage on ne l’appelle pas "Parthenos" (Vierge, en grec), mais Panagia. Quoi qu’il en soit, cette plaque célèbre donc la patronne de l’église.
Puisque j’en suis à la sculpture, revenons du clocher au portail sous le portique. Ci-dessus, on voit son entablement. Et en haut, du côté gauche le soleil fait face à la lune, du côté droit. Sous son crépi blanc, je ne sais comment est construite l’église, avec quel type de pierre, mais le tour du portail est en beau marbre blanc.
La photo ci-dessus montre la base du clocher, qui est détaché du corps de l’église. On peut voir l’appareillage irrégulier des pierres sur la face non crépie. Sans doute l’église est-elle construite de la même façon. On remarque qu’une sculpture antique, représentant un citoyen romain en toge, a été insérée dans la maçonnerie.
Le clocher ne manque pas d’élégance. Mais il est gravement fissuré. J’y ai repéré un témoin qui a été placé pour savoir si la fissure évoluait. Cela veut dire que des spécialistes s’en soucient. Ils s’y connaissent, pas moi, mais je crains bien que, même si la fissure est stabilisée parce que le sol ne s’affaisse pas de façon irrégulière sous le poids de l’édifice, le clocher ne s’écroule le jour où il y aura un tremblement de terre de quelque importance. Parce que nous sommes dans une zone sismique, les plaques bougent, et il est certain qu’il y aura une secousse un de ces jours.
Je vais en finir avec notre visite de Folegandros en montrant ce beau ciel du soir, photographié au moment où nous allons redescendre vers le village blanc. Nous sommes arrivés à Folegandros le 22 vers midi, le ferry accoste le 23 à 18h45 pour nous emmener vers Milos. Notre séjour ici aura été très bref parce qu’inséré après coup, comme je l’explique plus haut, dans un programme déjà établi, mais il nous aura permis de voir une île très différente des autres, à la forte personnalité, attachante et belle.