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2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 00:31

 

 

Hier, dans le parc de la Villa Borghese, nous avons vu le monument élevé à la mémoire de Goethe. Aujourd’hui, nous nous rendons Via del Corso où, au n°18, il a habité un appartement qui se visite et abrite un musée. Dans ce musée il y a quelques souvenirs de lui, par les fenêtres on peut voir, presque inchangées, les rues qu’il aimait observer (ci-dessus, la seconde image est une aquarelle de Johann Tischbein de 1787 intitulée Goethe à sa fenêtre), quelques gravures représentent des vues de Rome rapportées par son père qui, lui-même, avait visité l’Italie, avait publié un livre sur son voyage, et Goethe disait que les récits de son père ainsi que la vue de ces gravures avaient depuis son enfance éveillé en lui le désir de voir Rome et l’Italie.

 

Montrer ici des photos de livres, ou même des reproductions de gravures, ne me paraît pas le plus intéressant. Ce que j’ai le plus aimé, ce sont les dessins qui l’évoquent. Il y a quelques jours, j’avais ajouté à mes photos du Capitole un dessin fait par Goethe. Je venais de visiter cette Casa di Goethe au moment où je rédigeais, avec une semaine de retard, mon article de blog sur le Capitole. Ce que je montre aujourd’hui, ce ne sont pas des dessins faits par lui, mais des dessins qui le montrent dans sa vie Romaine. Ci-contre en train de lire par le même Tischbein, tout en haut Friedrich Bury a représenté Goethe et ses amis romains (1786-1788).

 

 

Il a raconté lui-même comment il avait fait ce voyage. À Weimar, il avait des fonctions officielles, il était ministre d’État, ce qui lui causait bien des obligations qui lui pesaient de plus en plus. Fin août 1786, venant de fêter son trente-septième anniversaire, il a formé dans le plus grand secret le projet de ce voyage tant souhaité. Sa confidente depuis des années, Charlotte von Stein, a été peinée et choquée de ne pas avoir été tenue au courant. Son "employeur", le duc Charles Auguste, n’a été prévenu que quelques jours avant son départ, sans aucune précision sur la destination ni la durée de ce voyage. Pourtant, généreux, il a offert à Goethe des "congés payés" avant la lettre. C’est ainsi que Goethe est parti pour deux ans, se faisant passer, durant le voyage, pour un homme d’affaires de Leipzig, du nom de Jean-Philippe Möller. Pendant tout ce temps, il a tenu un journal, destiné à être plus tard adressé à Charlotte. La Casa di Goethe présente plusieurs pages de ce journal, ainsi que des lettres manuscrites.

 

Avant de quitter Goethe, je ne dois pas oublier de donner le titre du dessin ci-dessus (1786-1787) : Le Maudit second oreiller. Goethe dans son appartement romain. La tête de femme, sur la planche à droite posée sur une pile de livres, est un plâtre qui est exposé dans le musée. Il est amusant de voir le chat de Goethe, et de le voir lui, sommairement installé, et dans des attitudes qui le sortent de l’image sérieuse que j’avais de lui jusqu’à ce jour.

 

 

En sortant de là, nous nous sommes dirigés vers la Piazza di Spagna, dont j’ai parlé au début de notre séjour à Rome. Nous avons cassé une croûte sur les marches qui montent vers l’église française Trinità dei Monti, au milieu de la foule des touristes amusants à observer. En bas, juste en face, partent deux rues s’éloignent en V. Celle de gauche est la Via dei Condotti. Là se trouve, sur le trottoir de droite, le Caffè Greco, ainsi nommé parce que fondé par un Grec en 1760. Parmi les personnages illustres qui l’ont fréquenté, je citerai Andersen, celui des contes, qui habitait au-dessus, et Stendhal qui habitait dans la rue, un peu plus loin. Et Goethe aussi, qui n’habitait pas loin. On cite aussi, toutes époques confondues, Liszt, Wagner, Berlioz, Mendelssohn ; Baudelaire, Gogol, Mark Twain, Anatole France, Schopenhauer…

 

Natacha et moi sommes allés y prendre un café, pour ajouter nos noms à la liste de célébrités (!), malgré le risque encouru. En effet, le pape Léon XII a interdit, en 1824, de se rendre au café sous peine de trois mois de galères. Cela a obligé le cafetier à barricader sa porte et à servir ses clients à travers une étroite fente. Précisons quand même que maintenant on ne va plus aux galères et que nous avons pu entrer par la porte.

 

 

Nous avons fini la journée en remontant l’escalier pour visiter l’église de la Sainte Trinité des Monts, mais il s’y célébrait une messe, nous n’avons donc pas joué les touristes qui distraient les fidèles, nous avons toutefois écouté de très belles voix interprétant des cantiques avant de nous éclipser et de diriger nos pas vers le Pincio où se trouve une entrée du parc de la Villa Borghese auprès de la Villa Médicis, siège de l’Académie de France (ci-dessus, la fontaine sur la place devant la Villa Médicis). C’est Colbert qui, à la demande de Louis XIV, créa cette académie, destinée à recevoir de jeunes talents français triés sur le volet qui pourraient approfondir leur connaissance de l’art antique, Renaissance, baroque. Cette sélection est à l’origine de la création du grand prix de Rome. Au dix-neuvième siècle, les peintres Vernet et Ingres en furent successivement les directeurs. Mon fidèle Bibendum dit que "Berlioz, élève original, passait souvent la nuit assis sur un banc du Pincio ou errant dans la Villa Borghese". Il ajoute que, de nos jours, aux 12 artistes de la première génération du temps de Louis XIV, succèdent environ 25 pensionnaires pour un ou deux ans.

 

Et voilà. Nous avons repris le métro pour regagner notre triste et sale parking de banlieue…

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