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17 juillet 2014 4 17 /07 /juillet /2014 09:00

901a le lac de Ioannina

 

Nous avions vu et aimé Ioannina au tout début de notre séjour en Grèce, juste après notre visite de Corfou. C’était fin décembre 2010, au cœur de l’hiver, et cette fois-ci nous passons par l’Épire pour prendre le ferry à Igoumenitsa, c’est le printemps. Différente atmosphère, alternance de ciel bleu pur et de petits nuages, et Ioannina, loin de nous décevoir, continue de nous séduire. Cette fois-ci, le vent agite le lac, et des vagues viennent en arroser les berges. Les berges, et les pieds de quelques passants inattentifs.  

 

    901b1 Ioannina 

 

    901b2 Ioannina

 

    901b3 Ioannina

 

    901b4 Ioannina

 

Nous retrouvons donc cette vieille cité fortifiée. Je ne veux pas répéter ici ce que j’ai dit dans mes divers articles de 2010 (Ioannina et Ali Pacha, 19 décembre; Its-Kalé et musée byzantin, 22 décembre; Île de Ioannina et Dodone, 28 décembre), je me contente de présenter quelques photos prises sous un angle différent.

 

    901b5 dans une rue de Ioannina 

 

Si la ville est pleine de charme, il est certain que les dames ont intérêt à éviter les talons aiguilles sinon, comme dans la cour du palais de Versailles, elles risquent fort de les laisser en souvenir entre deux pavés.

 

    901b6 murs de Ioannina

 

Ces deux jours et demi nous avons beaucoup tourné en ville pour nous la réapproprier. Notamment autour du kastro et de ses vieux murs. Sans négliger une petite halte dans l’un des innombrables bars-pâtisseries fort sympathiques.

 

    901c1 taverne à Ioannina 

 

Mais surtout, pour nos repas, nous n’avons pas oublié que nous avons notre “cantine” à Ioannina. La plupart des blogs que je vois donnent des adresses de restaurants, ce n’est pas mon cas. Mais ici je ne peux manquer de le faire. Φύσα Ρούφα (Physa Roupha), c’est-à-dire Souffles et aspirations, se trouve dans la grande rue Georges Averof, au numéro 55, et c’est ouvert 365 jours par an et 24 heures sur 24. Ce n’est certes pas en concurrence avec la Tour d’Argent (où, n’étant en fait jamais allé, je ne peux que supposer un niveau gastronomique supérieur…), mais les prix sont très, vraiment très, raisonnables. Et le patron très sympathique.

 

    901c2 dans une taverne de Ioannina 

 

    901c3 au mur d'une taverne de Ioannina

 

La salle est suffisamment petite pour qu’on s’y sente “en famille”, et les murs en sont décorés avec humour. Cette fois-ci, je comprends mieux les inscriptions que lors de notre premier séjour dans cette ville. Ici, un fond de tonneau qui célèbre “Bacchus, dieu du vin” (cela, c’est du niveau des hellénistes débutants). Je le confesse, nous lui avons sacrifié dans cette taverne. Avec modération toutefois, comme il se doit.

 

    901c4 cuisine d'une taverne à Ioannina

 

Ce qui est tout particulièrement plaisant, c’est quelque chose qui était la règle, ou presque, il y a encore quelques années en Grèce, mais qui tend à se faire plus rare, surtout en ville. Non seulement on voit la cuisine, mais comme dans un self-service on peut choisir son plat. Pas question, toutefois, d’emporter son plateau. On va s’asseoir et on passe commande de façon traditionnelle. Puis on attend de se faire servir à table. Et les plats sont tenus au chaud, pas question de réchauffer au micro-ondes. Ma pub étant gratuite et sans contrepartie, il est temps que j’arrête.

 

    901d1 Ioannina, arrivée au Its-Kalé 

 

Même si notre séjour à Ioannina est bref, nous retournons voir l’Its-Kalé. Après tout, je n’aurais peut-être pas dû donner tout à l’heure la référence de l’article où j’explique ce que c’est, parce que je publie aujourd’hui une photo presque identique de l’entrée…

 

    901d2 Ioannina, anciennes cuisines de l'Its-Kalé (bar) 

 

    901d3 Ioannina, anciennes cuisines de l'Its-Kalé

 

En décembre 2010, nous avions déjà vu ces anciennes cuisines du sérail qui ont été aujourd’hui transformées en un bar. Ce ne sont pas les touristes qui l’investissent, du moins en cette saison. En effet, cette citadelle appelée Its-Kalé est un lieu agréable pour la promenade loin de la circulation des voitures, et les habitants de Ioannina s’arrêtent volontiers à siroter le traditionnel café frappé  ou autre boisson dans ce bar.

 

    901d4 Ioannina, dans l'Its-Kalé

 

    901d5 Ioannina, dans l'Its-Kalé

 

    901d6 Ioannina, dans l'Its-Kalé 

 

Et puis à côté de ces cuisines (deux premières photos) ou de l’autres côté de la vaste pelouse (troisième photo) on peut voir les ruines des autres bâtiments du sérail.

 

    901d7 Ioannina

 

Tout au fond, surplombant le lac, ce grand et beau bâtiment a été, lui, bien conservé. C’était la résidence d’Ali Pacha, devenue le musée byzantin que nous avions visité en décembre 2010.

 

    901e1 Ioannina, Bibliothèque d'époque ottomane 

 

Ressortons maintenant de cette citadelle de l’Its-Kalé dont je ne veux pas parler trop longuement puisque je l’ai déjà fait ailleurs. Au hasard de la promenade dans la ville, à condition bien sûr de rester dans les parages de la cité ancienne, on trouve d’autres bâtiments d’époque ottomane, comme cette ancienne bibliothèque plutôt bien conservée.

 

    901e2 Ioannina, bain d'époque ottomane

 

En revanche, ces bains d’époque ottomane ont été désaffectés et laissés à l’abandon, et même si cette végétation qui s’y est développée est assez jolie, le bâtiment en a souffert. Il semble, de plus, que rien ne soit fait ni prévu pour sa sauvegarde.

 

    901e3 fouilles à Ioannina

 

Ailleurs, on tombe sur un chantier de fouilles avec la consolidation en cours d’un bâtiment voûté. Ici, contrairement à ce qui est fait ailleurs en ville, il n’y a aucun panneau indiquant la date ou l’usage de cette construction. Vraisemblablement parce que les travaux ne sont pas terminés, et quand ce sera le cas la Municipalité affichera les informations nécessaires.

 

    901e4 Ioannina, anciennes cuisines militaires turques 

 

Nous sommes au vingt-et-unième siècle, les voitures sont partout, elles ont donc investi ce grand espace comme parking. Cela gâche, hélas, la vue sur ces anciennes cuisines militaires turques qui ont fonctionné jusqu’au milieu du dix-neuvième siècle, puis ont été abandonnées. Des travaux de rénovation menés de 1995 à 1997 par la Municipalité ont permis de sauver le bâtiment.

 

    901f1 Pyrrhus, célèbre roi d'Épire 

 

N’oublions pas que Ioannina est une ville au grand passé. Comme je l’ai dit en décembre, montrant une statue d’Alexandre le Grand enfant auprès de sa mère, c’est la patrie de celle-ci, Olympia. Mais à l’époque, je n’avais pas montré la statue érigée en l’honneur de Pyrrhus (photo ci-dessus), roi des Molosses, peuple auquel appartient Olympia, mais dont j’ai parlé dans mon article Le musée archéologique de Ioannina, du 21 décembre 2010, musée où l’on peut voir ce que l’on suppose être son portrait.

 

    901f2a Saint Georges, néomartyr de Ioannina 

 

    901f2b Saint Georges, néomartyr de Ioannina

 

Les grands hommes célébrés à Ioannina ne sont pas que des personnages de l’Antiquité, il y a aussi des martyrs chrétiens, appartenant à l’époque moderne. Ainsi ce garçon nommé Georges (Géorgios en grec), né en 1810. Comme son nom l’indique, il est de famille grecque orthodoxe, mais tout en restant chrétien il simule la conversion à la foi islamique et trouve ainsi un emploi de palefrenier auprès d’un officier de l’armée ottomane. En effet, les Turcs ont toujours toléré que les pays conquis conservent leur culture et leur foi, à condition de rester discrets. Par exemple, les cloches sont interdites dans les églises, le son public étant réservé au muezzin, et le clocher lui-même est prohibé parce que faisant concurrence au minaret. Par ailleurs, un non-musulman ne pouvait briguer aucun emploi public, aussi modeste soit-il, mais un converti peut accéder aux plus hautes fonctions, quelle que soit sa foi d’origine, quel que soit son pays d’origine. Ce système a permis que des convertis de circonstance produisent, après deux ou trois générations, des Musulmans sincères. À l’inverse, quitter la religion musulmane pour se faire chrétien est un crime envers Allah, et envers le sultan qui est le calife des Croyants. Les collègues de Georges voyaient bien qu’il n’était pas profondément converti, puisqu’ils le surnommaient “le giaour”, c’est-à-dire l’infidèle, mais tout se passait bien. Mais en 1838, Georges a un fils, et il le fait baptiser. Discrètement, mais le secret filtre. Georges est un renégat de la foi islamique, il est condamné à mort. On le pend en place publique, et on laisse son corps au gibet pendant trois jours, pour servir de leçon à qui oserait l’imiter. Le martyre est un motif suffisant pour la canonisation, et Georges devient un saint de l’Église orthodoxe. Mais en outre, des Chrétiens vivant à Ioannina à l’époque ont affirmé que son corps ne s’était nullement corrompu sur le gibet, et exhalait un délicieux parfum. Doublement saint, avec un tel miracle. Le lieu de son exécution porte le nom de Place du néo-martyr Saint Georges.

 

    901f3 Tositsa (Tossizza), bienfaiteur de l'Épire

 

Dans mes articles précédents concernant Metsovo, j’ai parlé de ce riche mécène de l’Épire du nom de Mikhaïl Tositsa (ou Tossizza), vivant en Suisse et motivé par Evangelios Averof sur l’isolement et les besoins de la terre de ses ancêtres. Sa générosité a permis la création d’une fondation qui, après sa mort (né en 1885, il est mort en 1950), finance toutes sortes d’œuvres en Épire grâce au produit des actifs qu’il a légués, soit la totalité de ses biens.

 

    901g Symposio Glyptikis 1996 

 

Je terminerai ce petit tour de Ioannina avec cette sculpture moderne posée sous les murs de la citadelle. Sur le socle, il est gravé “Symposium de sculpture 1996”. Je n’en sais guère plus. J’ai trouvé sur Internet l’affiche de l’événement qui s’est déroulé du premier au trente-et-un août, avec les noms de douze participants.

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