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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 11:40

Beroia, Berœa, Bérée, Véroia, Véria… Beaucoup de formes différentes pour le nom d’une seule ville. Beroia, c’est le nom grec antique, et c’est l’orthographe grecque d’aujourd’hui. Berœa en est la transcription latine, selon le même principe qui fait qu’Oidipous devient Œdipus, Œdipe. Les traductions françaises du Nouveau Testament, dans les Actes des Apôtres, respectant l’évolution de la prononciation du latin, parlent de Bérée. Puis le bêta (B) de l’alphabet grec est devenu vita, se prononçant V, d’où Véroia. Enfin, le vocalisme grec ayant évolué très généralement vers le son I, l’ancienne diphtongue OI se prononce aujourd’hui I (comme l’ancienne diphtongue EI et comme les voyelles écrites I, Y et H), et les panneaux indicateurs grecs sont doublés d’autres panneaux qui les traduisent en langue anglaise avec notre alphabet latin, et qui affichent Véria, ce qui correspond à la prononciation actuelle. Pour ma part, j’adopte la forme Véroia conforme à l’orthographe Βέροια du grec, si l’on considère que le signe B est un V. Mais voilà un bien long paragraphe pour un détail qui n’intéresse que moi.

 

821a le dieu fleuve Olganos, frère de Veroia et Mieza

 

Indépendamment de son orthographe et de sa prononciation, le nom de cette ville a son histoire dans la mythologie. Makédonas est le roi éponyme de cette Macédoine qui a conquis la Grèce au temps de Philippe II puis une grande partie de l’Orient jusqu’à l’Indus et à l’Égypte au temps d’Alexandre et qui, après avoir été romaine puis byzantine et après une longue période d’occupation ottomane qui a duré jusqu’en 1912, ne sera plus aujourd’hui que partagée entre deux provinces de Grèce du nord et une république indépendante (en grec PGDM, Πρώην Γιουγκοσλαβική Δημοκρατία της Μακεδονίας, en français ARYM, Ancienne République Yougoslave de Macédoine, ou en anglais FYROM, Former Yugoslav Republic Of Macedonia). À ce Makédonas succède son fils, Bérès. Et Bérès a trois enfants, deux filles Beroia et Mieza qu’il honorera en donnant leurs noms aux deux principales villes de son royaume (dans mon précédent article au sujet de Naousa, je disais que cette ville était co-héritière de l’antique Mieza), mais l’aîné était un fils, Olganos, devenu un dieu-fleuve. C’est lui qui est représenté ici par ce buste des alentours de 150 de notre ère et que l’on trouve au musée archéologique. Pas de doute sur l’identification, le nom est gravé sur le socle. En revanche, l’identification du fleuve avec l’Arapitsa qui coule au pied des falaises de Naousa et rejoint la plaine à Kopanos, village dans un champ près duquel cette sculpture a été mise au jour, n’est qu’une conjecture très probable.

 

821b1 Veroia, maisons sur les remparts sud

 

821b2 Veria, maison ancienne

 

821b3 Beroia, maison ancienne

 

Mais nous reviendrons plus tard au musée. Faisons d’abord un petit tour à pied dans cette très vieille ville qui a conservé nombre de ses maisons turques traditionnelles. Mais les moucharabieh ont perdu leurs grillages qui dissimulaient les femmes au regard des passants.  La première de ces photos montre une maison construite sur un mur du rempart de fortification sud.

 

821c église discrète à Veroia (Vierge Evangelistria, 16e

 

Quant à cette construction, cette sorte de maison sans fenêtres, c’est une église du seizième siècle, dédiée à la Vierge (Panagia) Évangelistria. En effet, les Turcs ont transformé en mosquées les plus grandes églises byzantines qui pouvaient s’accorder avec le culte musulman, et y ont adjoint un minaret, mais ils se sont montrés tolérants envers la religion des Grecs, et leur ont laissé la disposition de leurs plus petites églises byzantines, inutilisables pour eux. Cependant, cette tolérance était très limitée, et l’Islam devait toujours rester prééminent. C’est ainsi que tout son de cloche était strictement prohibé pour ne pas concurrencer la voix du muezzin, et que les clochers eux-mêmes étaient arasés pour ne pas côtoyer, même très modestement, les minarets. Quant aux églises construites après la conquête, comme celle-ci, beaucoup d’entre elles adoptent un style extérieur extrêmement neutre. Sans la plaque de plexiglas transparent fixée au mur et donnant son nom et sa date, jamais je n’aurais remarqué qu’il s’agissait d’une église.

 

821d1 tribune de st Paul à Bérée

 

821d2 autour de la tribune de st Paul à Veroia

 

821d3 mosaïque de st Paul à Veroia

 

Actes des Apôtres XVII, 10-14 : “Aussitôt les frères firent partir de nuit Paul et Silas pour Bérée. Arrivés là, ils se rendirent à la synagogue des Juifs. Or ceux-ci avaient l'âme plus noble que ceux de Thessalonique. Ils accueillirent la parole avec le plus grand empressement. Chaque jour, ils examinaient les Écritures pour voir si tout était exact. Beaucoup d'entre eux embrassèrent ainsi la foi, de même que, parmi les Grecs, des dames de qualité et bon nombre d'hommes. Mais quand les Juifs de Thessalonique surent que Paul avait annoncé aussi à Bérée la parole de Dieu, ils vinrent là encore semer dans la foule l'agitation et le trouble. Alors les frères firent tout de suite partir Paul en direction de la mer. Quant à Silas et Timothée, ils restèrent à Béroia”. En effet, le christianisme, à Véroia, n’est pas implanté d’hier. Après l’épisode de Philippes où saint Paul a été battu de verges et jeté en prison, après l’épisode de Thessalonique d’où il doit s’échapper de nuit, le voilà prêchant à Véroia où il trouve des oreilles attentives. De grands panneaux indicateurs dirigent le visiteur vers les trois pierres de ma première photo. On dit ici qu’elles constituent la tribune d’où saint Paul s’adressait aux Juifs de la ville. Je ne suis pas sûr de leur authenticité, mais ce n’est pas improbable du fait que les données archéologiques situent là la synagogue du premier siècle de notre ère. On voit, sur la seconde photo, comment cette tribune a été placée dans un monument moderne orné de mosaïques. Sans doute celle de ma troisième photo (flanc droit du monument de la photo précédente) ne constitue-t-elle pas une œuvre d’art impérissable, mais je trouve intéressantes les attitudes que l’artiste prête aux assistants, religieux, civils, soldat, femme.

 

821e1 Veroia, près de la tribune de st Paul

 

821e2 mosquée cathédrale de Veria

 

Le monument de la tribune de saint Paul se dresse sur une place en hauteur. Sur la gauche de cette place a été construit en outre le petit monument de la première photo ci-dessus. Je publie cela parce que j’aime bien la perspective du minaret musulman derrière l’évocation de saint Paul. En fait, le minaret n’a pas été détruit quand la cathédrale est revenue au culte orthodoxe, mais ce n’est plus aujourd’hui une mosquée.

 

821f1 Veroia, église byzantine de la Résurrection du Chri

 

Témoin de l’époque byzantine, cette église du quatorzième siècle maintenue lors de la conquête ottomane. Elle est dédiée à la Résurrection du Christ (Anastasis tou Christou). En effet, alors que les églises catholiques sont toutes consacrées à des saints ou à Dieu lui-même (la Trinité, le Sacré-Cœur), les églises orthodoxes sont pour une grande partie d’entre elles consacrées à des événements importants de la religion, comme la Résurrection, la Transfiguration (Metamorphosis), la Dormition de la Vierge (Koimêsis). Il est curieux de rencontrer aussi ce que je vois comme une tradition très ancienne, homérique, qui attribue aux personnages des “épithètes de nature” qui les définissent et sont régulièrement liés à leur nom, comme l’artificieux Ulysse, Achille aux pieds légers, Athéna aux yeux pers, l’Aurore aux doigts de rose, Poséidon à la chevelure bleue, etc. C’est ainsi que l’on trouve ici des églises du Christ Sauveur, par exemple. Ou des Saints Anargyres (sans argent), c’est-à-dire Côme et Damien, médecins des pauvres qui ne se faisaient pas payer.

 

821f2 Beroia, ieros naos Anastaseos Christou

 

821f3 Veroia, église byzantine de la Résurrection du Chri

 

821f4 Veroia, église byzantine de la Résurrection du Chri

 

821f5 Veroia, église byzantine de la Résurrection du Chri

 

Tant en extérieur sous le portique (saints martyrs, Calvaire) qu’à l’intérieur (Dormition), on voit que l’église est intégralement couverte de fresques très belles, mais malheureusement en très mauvais état. L’édifice lui-même, comme ses peintures, aurait besoin d’une bonne restauration, qui malheureusement ne vient pas. Et tout se détériore de plus en plus.

 

821g1 masques de carnaval (Veria, musée byzantin)

 

821g2 masques de carnaval (Veria, musée byzantin)

 

Nous avons aussi visité le musée byzantin. Lui est fort bien aménagé et présente de belles collections, mais je lui fais deux reproches. Le premier, c’est que la photo y est interdite. Or les droits des auteurs ont expiré depuis longtemps, les œuvres tombant dans le domaine public 70 ans après leur mort, et de plus la très importante participation financière de l’Union Européenne (quatre-vingts pour cent des trois millions huit cent cinquante-deux mille Euros dépensés) devrait donner quelques droits aux citoyens de l’Union. Mon deuxième reproche, c’est que s’il est normal et nécessaire qu’une surveillance soit exercée sur les visiteurs, il est désagréable d’être suivi pas à pas, au sens propre. Natacha et moi ne nous arrêtons pas toujours devant les mêmes œuvres en fonction de nos goûts ou de notre intérêt, nous avons chacun notre rythme de lecture des informations, aussi généralement ne nous suivons-nous pas dans les musées et sur les sites. Lorsque j’ai mis un pied sur la première marche de l’escalier pour changer d’étage, je me suis vu fermement intimer l’ordre d’attendre que Natacha soit prête à monter elle aussi parce qu’il n’y a qu’un gardien, et le public ne peut être seul à un étage. Pourtant, ce monsieur avait vu clairement que nous n’étions pas le genre à brandir nos bombes de peinture pour taguer les icônes, et nos sacs photo étant restés à l’accueil nous ne risquions pas de prendre des clichés prohibés.

 

Point de photo, point de commentaire des œuvres de ma part. Mais au rez-de-chaussée, une exposition temporaire montre des masques de carnaval traditionnels de diverses régions de Grèce que l’on est parfaitement autorisé à prendre en photo. Sur la première, à droite nous sommes à Nadouse en Messénie et à gauche à Tyrnavos en Thessalie. Notons que l’auteur du thème de ce dernier masque, thème traditionnel dans cette ville et qui se répète chaque année depuis fort longtemps, semble avoir souffert d’une obsession, car non seulement ce masque ithyphallique  est à double face, mais il y a des chars dont le canon est remplacé par un gigantesque sexe, etc… Mais il s'agit, bien sûr, d'un rite de fécondité. Sur la seconde photo, à droite nous voilà dans le centre de Lesbos et à gauche c’est encore Nadouse. Ces nombreux masques, plus d’une vingtaine, sont amusants à voir mais sortis du contexte sociologique, ethnologique du carnaval ils perdent un peu d’intérêt. Passons donc au musée archéologique où la photo, intelligemment, est autorisée

 

821h1 fragment de vase néolithique, musée de Veroia

 

Commençons par un objet du néolithique ancien, soit cinq à sept millénaires avant Jésus-Christ, pour témoigner de la présence humaine ici dès cette époque et parce que j’ai été frappé par ce morceau de terre cuite, un fragment de poterie qui était décorée d’un visage humain. Outre le souci esthétique de décoration, le pouvoir d’expression de ces quelques traits extrêmement réduits est extraordinaire et témoigne, à mon avis, d’un grand talent de la part du potier. Aucune légende ne dit si ce visage avait une valeur symbolique ou religieuse, et je confesse mon inaptitude à le dire moi-même.

 

821h2 armes macédoniennes (6e-4e s. avant JC)

 

Mais laissons là ces époques très reculées. Ces armes datent du sixième au quatrième siècle avant Jésus-Christ. À droite, ce sont quatre pointes de lances qui étaient fixées sur des hampes de bois. La lance, en grec ancien, se dit dory, par conséquent le doryphore est un “porte-lance”, mais cet insecte étant dépourvu de long nez ou de quelque dard que ce soit évoquant cette arme, je ne sais pourquoi il porte ce nom. Peut-être pour évoquer le redoutable combattant de la pomme de terre. Les deux autres armes de ma photo sont des épées, celle du centre portant sur sa poignée une plaque en or, peu visible ici, représentant une Victoire.

 

821h3 vase macédonien hellénistique

 

Nous en venons à l’époque hellénistique qui, je le rappelle, commence arbitrairement à la mort d’Alexandre en 323 avant Jésus-Christ et s’achève tout aussi arbitrairement à la mort de Cléopâtre en 30 avant Jésus-Christ. Ce vase noir à décoration en relief représente des musiciens et des danseurs. Je l’ai choisi parce que je trouve que son style rappelle étrangement celui de poteries mycéniennes, plus vieilles d’un millénaire.

 

821h4 Aphrodite, femme avec Eros, autre femme

 

821h5 trois élégantes macédoniennes hellénistiques

 

La première photo représente à gauche la déesse Aphrodite, et au centre une femme tenant par la main un petit Éros. Toutes deux doivent être placées entre le troisième et le deuxième siècle avant Jésus-Christ. Les quatre autres figurines de terre cuite sont plus précisément du deuxième siècle. J’ai choisi quelques unes de ces petites sculptures parce que, à part Aphrodite qui est nue et sert de modèle, les autres, trouvées dans des tombes de la région, sont des élégantes macédoniennes d’époque hellénistique portant chacune un vêtement différent. Pas de mode uniforme, donc, mais beaucoup de recherche. Seules les deux de gauche sur la deuxième photo semblent avoir acheté leur robe chez le même couturier, mais elles diffèrent par la coiffure, le chapeau, et celle du milieu a jeté un voile sur son épaule gauche.

 

821h6 danseuses 2e s. avant JC (Macédoine)

 

Ces deux-là sont aussi habillées de façon différente, mais c’est normal parce que ce sont des danseuses, comme en témoigne leur gestuelle. Elles sont de la même époque que les précédentes.

 

821h7 Aphrodite pleure la mort d'Adonis (2e s. avant JC)

 

D’époque hellénistique aussi est ce groupe d’Aphrodite et Adonis. À Pæstum, le 24 juin 2010, j’ai raconté cette légende, Myrrha commettant un inceste avec son père, le père s’en rendant compte et la poursuivant avec un couteau, Aphrodite la transformant en arbre (l’arbre à myrrhe). Puis l’écorce s’ouvrant et donnant naissance à Adonis. Aphrodite le confie à Perséphone pour l’élever, puis Perséphone refuse de le rendre, Zeus tranche, il passera un tiers de l’année avec l’une, un tiers avec l’autre, et le troisième tiers où il voudra. Il choisira deux tiers avec Aphrodite. Je n’avais pas, alors, raconté la fin de ce mythe oriental de la végétation. Oriental parce qu’il vient de Syrie, et plus précisément sémite, le nom d’Adonis signifiant seigneur en hébreu. Et végétation, avec ces quatre mois avec une déesse chtonienne et huit mois avec une déesse de la génération et de l’amour. Arès, le dieu guerrier, était l’amant d’Aphrodite. On conçoit qu’il ait pris ombrage de l’amour d’Aphrodite pour Adonis, et un jour, alors qu’Adonis chassait dans la forêt, Arès lança contre lui un sanglier qui le chargea et le blessa à mort. Telle est, du moins, l’une des versions données de l’accident. Chaque goutte de sang d’Adonis donna naissance à une anémone, tandis que la rose, blanche à l’origine, devint rouge quand Aphrodite, se précipitant pour secourir son amant blessé, se piqua le pied à une épine et que son sang montant dans la tige en colora la fleur. Nous voyons ici la déesse portant Adonis sur le lit funèbre.

 

821h8a loi des gymnasiarques, musée de Veroia

 

821h8b loi des gymnasiarques, musée de Veroia

 

Cette stèle qui comporte plus de cent lignes de texte sur chacune de ses faces a été trouvée dans un lieu qui, cela est prouvé par d’autres inscriptions, était un gymnase et elle date du premier tiers du deuxième siècle avant Jésus-Christ. Ce texte, la loi des gymnasiarques, commence par la résolution qui adopte la loi (date, convocation de l’assemblée, acte de ratification, etc.). Puis elle fixe la période d’élection du gymnasiarque, la limite d’âge, le texte du serment qu’il doit prêter, la désignation et le rôle de ses assistants. Suit la liste des activités des jeunes et leurs règles de vie, je vais y revenir. Ensuite, est définie la manière dont doit être choisi le gymnasiarque, quelles sont ses responsabilités et ses pouvoirs, le rôle des instructeurs et des entraîneurs, les punitions prévues en cas de manquement au règlement et il est précisé que l’entraînement est donné jusqu’à l’âge de 22 ans. Enfin, le texte définit l’utilisation des fonds constitués par l’apport des jeunes hommes admis au gymnase. Les dernières lignes indiquent les noms des magistrats chargés de délivrer une copie du texte pour gravure dans la pierre. Dois-je ajouter que ce que je dis là, je ne l’ai pas lu sur la stèle. Et pas seulement par manque de temps. Pour en être capable, je devrais être un épigraphiste distingué, comme l’éminente personne dont j’indique ici, dans la colonne de droite de cette page, le remarquable site.

 

Il est très instructif, ici, de comparer un gymnase macédonien et un gymnase d’une autre partie de la Grèce, en Attique par exemple. En Grèce, les pratiques sportives alternent avec des conférences de philosophie, de littérature, des enseignements scientifiques, aussi les gymnases comportent-ils des salles de conférences, des salles d’étude, des bibliothèques. L’Académie de Platon, le Lycée d’Aristote sont des gymnases. Pour cette raison, la langue allemande utilise ce mot pour désigner ses lycées, le grec moderne ses collèges. Ce gymnase macédonien, lui –j’en reviens donc, comme je l’annonçais, aux entraînements et aux règles de vie–, ne comporte que des entraînements sportifs axés sur la guerre, tir à l’arc, lancer de javelot et autres. Les compétitions qui doivent être organisées portent sur la course à pied, l’arc, le javelot, la fronde, l’équitation. Les notes évaluent la musculation, la discipline, l’ingéniosité. Pas trace de philosophie, de rhétorique, de connaissance du monde  et des sciences. Or un siècle et demi, deux siècles, deux siècles et demi plus tôt, les rois faisaient appel aux plus grands sculpteurs, aux plus grands peintres, aux meilleurs artisans, Euripide est mort à la cour du roi, Aristote a été chargé de l’éducation d’un autre roi. Mais ce gymnase témoigne, à travers sa loi, que la société macédonienne hellénistique veut rester attachée à sa tradition militaire en axant ainsi la formation de ses jeunes hommes, à une époque où les autres cités font bien plutôt appel à des mercenaires. Il semblerait donc que le gymnase soit le siège d’une administration militaire et que lorsque les jeunes gens, à 22 ans, le quittent, ils soient répertoriés comme incorporables de droit par la cité en cas de conflit.

 

821h9 stèle d'un gladiateur rétiaire (1er siècle après

 

Cette stèle est plus tardive. Elle est de la seconde moitié du premier siècle de notre ère. Autrement dit, à partir du règne de Claude mort en 54 jusqu’à l’avènement de Trajan en 98. Elle concerne un rétiaire, ces gladiateurs armés d’un filet (latin rete) et d’un trident. On le voit représenté ici tenant la hampe de son trident à deux mains (on entraperçoit les pointes à l’extrême droite, à la limite de la cassure de la pierre). Nous sommes à l’époque romaine, voilà plus de deux siècles que la Macédoine a été conquise avec la Grèce, et ces jeux du cirque sont typiquement romains, mais la gravure est en caractères grecs et donne le nom de ce gladiateur, Pekouliaris. En dessous, l’abréviation PY A signifie premier combat. Deux explications possibles, ou bien c’est une plaque commémorant le premier combat de ce jeune gladiateur, ou bien il s’agit d’une stèle funéraire et cet homme a été tué dès son premier combat.

 

821i graffito politique à Veroia

 

Essayons d’être raisonnable et de limiter ma présentation d’objets du musée archéologique. Comme toujours, j’ai envie de tout montrer… Pour conclure cet article sur Véroia, un graffito politique. Il dit “Si vous croyez que nous vivons en démocratie… doux rêves”.

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