Nous sommes encore à Melun. Nous finissons la mise en cartons du déménagement, qui va partir direction le garde-meubles. Nous équipons aussi ce qui sera désormais, et pour une durée assez longue mais indéterminée, notre maison que, telle la tortue, tel l'escargot, nous transporterons sur notre dos.
Ce blog, que je tenterai de tenir dès qu'il sera possible d'obtenir une connexion Internet, permettra à la famille et aux amis de suivre notre progression à travers l'Europe. Le projet, évidemment modifiable, et que nous interromprons peut-être même si nous en avons assez d'errer sans domicile fixe, passe par l'Italie, la Grèce, la Bulgarie, la Roumanie, l'Ukraine, la Biélorussie, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, la Finlande, la Norvège jusqu'au Cap Nord, la Suède, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et... la France.
Voilà le programme théorique. Après 42 ans d'Éducation Nationale, le moment est venu de rompre. L'Éducation Nationale ne veut plus de moi. Trop vieux. On n'aime pas les vieux. On secoue le cocotier. Je grimpe, je m'accroche aux branches, on secoue, je lâche prise, je retombe sur quatre roues : qu'y puis-je ?
Alors je vais satisfaire "[mon] désir de voir et [mon] humeur inquiète", comme dit La Fontaine.
"[...] Quiconque ne voit guère
N'a guère à dire aussi. Mon voyage dépeint
Vous sera d'un plaisir extrême.
Je dirai : j'étais là ; telle chose m'advint ;
Vous y croirez être vous-même."
Non, je ne suis pas assez prétentieux pour imaginer être un conteur de qualité telle que l'on prenne un "plaisir extrême" à lire le récit de notre voyage. Mais, d'une part, je me fais plaisir en citant ces vers d'un poète que j'admire et que j'adore, et d'autre part ce blog sera le moyen de tenter de ne pas rompre les fils qui m'attachent à la famille et aux amis. À cela se limite sa prétention.