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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 23:55

Nous avions gagné Trieste pour y prendre le ferry vers la Grèce. Un petit tour, nous ne parvenons pas à nous garer, nous filons sur Venise. Nous n’y sommes venus qu’une seule fois il y a quelques années, nous reverrons avec plaisir la Sérénissime. Oh, pas pour la visiter, ce ne seront qu’un jour ou deux (oui, plutôt deux, comment repartir aussi vite?) avant de retourner vers le port de Trieste pour nous embarquer, à moins que nous ne prenions le ferry qu’à son escale d’Ancône. Nous verrons cela plus tard.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013
Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013
Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Le camping est sur le continent, en face de la ville. Ce n’est pas une ligne de vaporetto qui passe par là, mais on prend quand même un bateau navette, un traghetto, pour se rendre en ville. Le trajet est assez cher, il est possible aussi de se rendre en bus à bien meilleur marché, mais cela ce sera si nous revenons passer plus de temps. Cette fois-ci, nous économisons notre temps, pas nos sous. D’un côté de la lagune, un grand port, des industries gâchent le paysage, et surtout causent de graves dommages environnementaux, par l’envasement de la lagune. Puisque nous, simples touristes, n’y pouvons rien, détournons pudiquement les yeux. Et de l’autre côté, la vue est nettement plus flatteuse.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Car heureusement Venise a su se préserver du bétonnage qui sévit un peu partout et défigure les plus beaux endroits de la planète. Les Vénitiens, dans le passé, on bien pu tirer sur le Parthénon et faire voler son toit en éclats, ils ont su soigner leur cité. Témoins ces belles façades anciennes qui enchantent la vue au fur et à mesure que l’on s’approche du débarcadère de Zattere.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013
Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Des hommes illustres, d’abord. Niccolò Tommaseo (1802-1874), sur ma première photo, n’est pas vénitien. Il n’est même pas né sur le territoire italien d’aujourd’hui, mais en Croatie, qui était alors territoire italien. “Ce siècle avait deux ans, Rome remplaçait Sparte…”, cela c’est pour Victor Hugo. Pour Tommaseo, les luttes symbolisées par Sparte, ce sera pour plus tard, lors de l’unification de l’Italie. Ses idées et ses écrits nationalistes favorables au Risorgimento le contraignirent d’abord à s’exiler à Paris, puis en 1848 le voilà prisonnier à Venise. Plus tard, il devra de nouveau s’exiler, à Corfou cette fois-ci. Mais, en dehors de ses prises de position politiques, il est surtout connu pour son œuvre de grand linguiste.

 

L’autre statue représente Carlo Goldoni (1707-1793). Lui, c’est un Vénitien pur jus. Enfant, il aime jouer avec un théâtre de marionnettes. Plus tard, quoiqu’étudiant en droit, c’est pour la comédie grecque et la comédie latine qu’il se passionne. Avocat, il consacrera une grande partie de son temps à écrire des tragédies. Bientôt, il va complètement abandonner toute carrière juridique pour se consacrer à l’écriture de comédies, se rendant compte qu’il est plus doué pour cela que pour la tragédie. Mal reconnu par les siens, il part pour Paris en 1762, y dirige le Théâtre-Italien, enseigne la langue italienne aux princesses royales, et désormais écrit plusieurs de ses pièces en français. Louis XVI lui accorde une pension qui le met définitivement hors du besoin. C’est à Paris que meurt ce Vénitien en pleine révolution.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013
Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013
Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013
Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

En dehors de la place Saint-Marc, de sa basilique, de son Palais des Doges, en dehors aussi de son édification sur des canaux, en dehors du Pont des Soupirs, l’un des lieux les plus célèbres de Venise, c’est le Rialto, ce grand pont qui enjambe le Grand Canal au cœur de la ville. Certes, il est important pour la circulation, car pour traverser le Grand canal autrement qu’en bateau, si l’on excepte le grand ponte della Costituzione du côté de la gare routière, il n’y a qu’un pont en face de la gare, le Ponte degli Scalzi, le Rialto au centre, et le Ponte dell’Accademia à l’autre bout; mais sa célébrité tient à tout autre chose. D’abord il y a son architecture, son aspect inimitable. Ensuite, c’est un pont très ancien puisque sa construction remonte à 1588-1591 (le plus ancien pont de Paris, le Pont Neuf, a été construit de 1578 à 1607). Et puis il y a son histoire: sur son ancêtre, au quatorzième siècle, se tient une bourse des armateurs sans laquelle la célèbre et puissante flotte vénitienne n’aurait pas existé, effondré au quinzième siècle il est reconstruit en bois avec, comme sur le Ponte Vecchio de Florence, des boutiques de chaque côté, jusqu’à ce qu’il soit enfin décidé de le remplacer par le pont actuel.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Comme le pont de bois qu’il remplace, l’actuel Rialto de pierre comporte une allée centrale bordée de part et d’autre de boutiques. Mais il y a en outre, à l’extérieur, de chaque côté, une autre allée. Au centre du pont, c’est-à-dire dans sa partie la plus haute, une arche permet de passer d’une allée extérieure à la rue du centre. Mes photos, prises de nuit à près de 22h30, le montrent quelque peu désert, mais on peut imaginer l’animation en pleine journée!

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Lorsque l’on franchit le Ponte dell’Accademia sur le Grand Canal, si j’en crois tous les touristes que je vois, c’est un impératif moral (?) de prendre une photo. Comment, dès lors, me soustraire à cette obligation? L’église dont on voit le gigantesque dôme, sur la droite, est Santa Maria della Salute.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013
Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Je ne multiplierai pas les photos de beaux monuments. C’est sûr, dans un, deux ou trois ans, nous avons la ferme intention de revenir et de passer à Venise deux ou trois semaines, peut-être même un mois. À ce moment-là, je pourrai détailler bien des choses. Ma première photo, ici, montre l’Institut des Sciences, Lettres et Arts. Sur la seconde, on voit que de très belles demeures anciennes sont parfois en piteux état en attente de leur restauration. Mais dans ce périmètre protégé, il n’est pas question –heureusement– de les abattre pour faire du neuf, même imité de l’ancien.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

La basilique de San Giorgio Maggiore, édifiée sur une île à laquelle elle a donné son nom et qui est située en face de l’île principale, est une œuvre de Palladio, qui en a établi les plans et qui en a commencé la construction en 1566, mais il meurt en 1580 et elle ne sera achevée qu’en 1610. Nous avons manqué de temps pour effectuer la traversée.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Lorsque, venant du camping, on débarque à Zattere, c’est cette grande église blanche qui est le premier monument de Venise que l’on voit. C’est Santa Maria del Rosario, une église de Jésuites du dix-huitième siècle.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Tout à l’heure, nous avons vu, du Ponte dell’Accademia, cette grosse église blanche, Santa Maria della Salute, Sainte-Marie-de-la-Santé. De la santé? L’explication en est simple: en 1630, éclate à Venise une terrible épidémie de peste. On construit alors, dès 1631, une église en l’honneur de la Vierge pour obtenir d’elle la fin de l’épidémie. Le retour à la santé est assuré en 1632, néanmoins près du tiers de la ville y a laissé la vie. La consécration de l’église achevée n’aura lieu qu’en 1687. Comme chacun sait, les bâtiments de la lagune ne doivent leur stabilité qu’à leur construction sur des pilotis reposant sur un sol dur sous le fond de la mer, mais je lis dans Wikipédia que cette église est soutenue par un million cent cinquante-six mille six cent vingt-sept pilotis, le plus grand nombre pour les constructions de Venise.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Encore une église, de l’intérieur cette fois-ci. Presque toutes les églises de Venise comportent des œuvres d’art qui, ailleurs, seraient placées dans des musées. Sur le mur de chacune d’elles, près du portail d’entrée, une plaque signale des œuvres du Tintoret, de Lotto, de Véronèse… Ici, nous sommes dans l’église San Vidal, et nous voyons une fresque que Carpaccio (vers 1460-1525 ou 1526) a réalisée en 1514 et qui représente San Vitale, ou San Vidal en dialecte vénitien, à cheval avec huit saints.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

De chaque côté de la fresque de Carpaccio, une colonne, et près de la colonne une grande statue. Celle que je montre est sur le côté gauche, c’est une allégorie de la Foi, par Antonio Gai. Ah, mon ignorance et mon inculture! Je ne connaissais pas ce sculpteur vénitien (1689-1769), et j’ai pris cette photo uniquement parce que la statue me plaît, avec ce rendu merveilleux de la transparence du voile sur le visage, avec ce travail du drapé. Dans l’église, la notice situe la réalisation de la statue fin dix-septième siècle ou début dix-huitième. Mais si cet artiste est né en 1689 comme le dit la notice, ou même en 1686 comme le dit Wikipédia, il n’avait que 11 ou 14 ans en 1700. Il est donc évident que la statue est du dix-huitième siècle. Début du siècle, si l’on veut…

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

En contournant la ville par le nord, on peut voir les grands murs de brique qui la protégeaient, surmontés de créneaux, et s’ouvrant de loin en loin par une arche basse pour permettre le contact d’un canal avec la haute mer.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013
Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Avant de quitter la ville, deux images traditionnelles. La première, c’est une ruelle en bordure de canal, couverte par un portique. C’est ce que les Vénitiens appellent un sous-portique, un sotoportego. L’autre, ce sont quelques gondoles amarrées dans le Grand Canal, près du Rialto, devant un restaurant. Car si, tout à l’heure, j’ai cité la place St-Marc et le Rialto, c’est parce que je me limitais à l’architecture. Mais nul n’ignore les gondoles vénitiennes. C’est même tellement traditionnel que la balade d’une demi-heure est hors de prix. Et sans arnaque, parce que les tarifs sont affichés en gros caractères et dans de nombreuses langues.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Mon prochain article sera réservé à la place Saint-Marc et à la basilique. Avant de quitter Venise, j’ajouterai encore un article sur deux îles, San Michele et Murano. Et nous quitterons Venise. Je m’en tiendrai là, donc, pour notre bref passage de cette année. Mais il reste un lieu à évoquer, si curieux que cela puisse paraître, c’est le camping Fusina. Car c’est plus qu’un camping, c’est l’œuvre du plus grand, du plus célèbre architecte italien du vingtième siècle, Carlo Scarpa.

 

Angelo, notre ami palermitain titulaire de diplômes d’art, peintre et photographe, chargé de la pédagogie au palazzo Abatellis, un grand musée de Palerme, est en admiration devant lui, qui a réalisé les aménagements de son musée dans les années 1950, et il se révolte à chaque fois que la direction du musée ou des ingénieurs de seconde zone viennent modifier les espaces génialement créés par Scarpa, car ce qui caractérise son art c’est précisément la création d’espaces. J’avoue que ce nom ne m’était pas connu auparavant, mais Angelo me l’a fait découvrir, et à plusieurs reprises il nous a emmenés voir des réalisations de Scarpa. Aussi, quand j’ai lu son nom sur le camping Fusina, je n’ai pu rester indifférent. Des panneaux explicatifs sont posés aux points stratégiques afin d’éclairer les visiteurs. On y apprend par exemple qu’il a été chargé, à l’occasion de la Biennale de Venise 1957, de créer le pavillon du Venezuela, et en ville le magasin Olivetti. Pour accueillir les visiteurs, il devait en outre créer un camping. Ci-dessus, la reproduction d’un dessin préparatoire de la main du maître.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Ce que l’on voit d’abord, on s’en doute, c’est la réception. Carlo Scarpa a nommé ce bâtiment la Boussole. Ce nom se justifie par le fait que le muret bas et circulaire est surmonté d’un “origami”, autrement dit d’une structure comparée à du papier plié, et les angles en forment une rose des vents pointant les Alpes, le Veneto, la rivière Brenta, Venise, le camping.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013
Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Le restaurant et le bar. Carlo Scarpa a voulu créer une ligne partant de la réception et allant tout droit à la lagune, par l’alignement du restaurant, du bar et de la superette. Mais en même temps il a rompu la monotonie en adoptant des formes variées et en multipliant les ouvertures informelles pour dispenser la lumière à l’intérieur tout en évitant la monotonie à l’extérieur.

Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013
Petit tour à Venise. 24 et 25 septembre 2013

Plus loin, toujours dans l’alignement, on trouve un bloc de sanitaires. En fait, un peu plus loin encore, s’ouvre un espace autour duquel s’organisent à gauche les douches, en face les toilettes, à droite les machines à laver. Ce que je montre ici c’est la ligne des lavabos derrière lesquels sont situés les éviers pour la vaisselle.

 

Dans le parc, sont en outre disséminées des sculptures. Je traduis ce que dit l’affiche: “Nous accueillons et nous proposons aux artistes sculpteurs du monde entier, russes, australiens, hongrois, italiens… de travailler sur les lieux, en mettant à leur disposition notre espace, les matériaux et nos artisans”. Intéressant.

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