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30 novembre 2016 3 30 /11 /novembre /2016 23:55
Le “musée” du métro Syntagma, à Athènes. Le 14 novembre 2013

Il y a deux façons d’envisager le centre d’Athènes. Ou bien c’est l’Acropole, avec le Parthénon, qui est sans aucun doute le point culminant de la visite archéologique de la ville, ou bien c’est la place Syntagma (place de la Constitution), avec l’ancien palais royal devenu parlement, et où l’on peut, à chaque heure, assister à la traditionnelle relève de la garde, avec les evzones qui lèvent la jambe, battent le sol de leurs semelles ferrées, se livrent à un remarquable ballet. Syntagma, c’est aussi le nom de la station de métro qui dessert la place. Dans le hall de la station, on peut voir cette horloge, œuvre que le sculpteur Théodoros a intitulée… “L’Horloge du métro”. On s’en serait douté! Elle est de 2000-2001.

 

Le sol grec, mais plus que tout autre le sol d’Athènes, fait le désespoir des entrepreneurs, et la félicité des archéologues. En effet, que l’on fasse n’importe où le moindre petit trou dans le sol, et on tombe immanquablement sur des vestiges du passé. Les archéologues se précipitent, sourire aux lèvres et plumeau à la main, les entrepreneurs patientent, les bras croisés, le sourcil froncé. Quant aux conservateurs des musées, ils lèvent les bras au ciel en voyant arriver des charrois de nouvelles pièces. Ils ne peuvent plus rien exposer, les caves sont remplies. Alors les entrepreneurs sont priés, s’ils souhaitent poursuivre leurs travaux, de prévoir l’hébergement et l’exposition des trouvailles.

Le “musée” du métro Syntagma, à Athènes. Le 14 novembre 2013

C’est ainsi que le passant, avant de prendre son métro à la station Syntagma, a le temps de se promener en regardant ce que les fouilles ont mis au jour. Sur ma photo ci-dessus, ce n’était pas transportable dans un musée, même s’il avait eu de la place. C’est le lit de la rivière Éridanos (ou Éridan), ancien affluent asséché de l’Ilisos, le fleuve d’Athènes.

Le “musée” du métro Syntagma, à Athènes. Le 14 novembre 2013

Un peu plus loin, c’est une tombe du quatrième siècle avant Jésus-Christ qui a été découverte. Elle a donc été laissée en place, on a juste gratté la terre autour, et l’on a fixé dessus une plaque de verre pour la protéger.

Le “musée” du métro Syntagma, à Athènes. Le 14 novembre 2013
Le “musée” du métro Syntagma, à Athènes. Le 14 novembre 2013

En 527 avant Jésus-Christ, les fils du tyran Pisistrate lui succèdent à Athènes. Avec le suffixe –ide qui désigne les descendants de, les fils de, on les appelle les Pisistratides. Et c’est à eux, à la fin du sixième siècle, que l’on attribue cette adduction d’eau en tuyaux de terre cuite. Dans une tranchée creusée dans le roc sur quinze mètres de long, sept canalisations constituaient l’amenée d’eau. La deuxième photo montre un “puits” comme il y en avait de place en place le long de la tuyauterie, pour permettre de décanter l’eau.

Le “musée” du métro Syntagma, à Athènes. Le 14 novembre 2013

Cette colonnette de marbre marquait une sépulture. La tombe était de l’époque hellénistique, ce qui est un peu vague, puisque cela va arbitrairement de la mort d’Alexandre le Grand en 323 avant Jésus-Christ au suicide de Cléopâtre d’Égypte en 30 avant Jésus-Christ.

Le “musée” du métro Syntagma, à Athènes. Le 14 novembre 2013

Bien entendu, tout n’a pas été trouvé là où est la station de métro. Ce qui est dans les murs, lit de rivière, tombe, oui c’était là, évidemment, mais le tunnel des voies entre stations a également révélé des tas de choses, et dans mon article Athènes: Temple de Zeus et Porte d’Hadrien daté du 29 octobre 2011, je montrais les thermes romains découverts lorsque l’on creusait un puits de ventilation pour le métro, peu après qu’il avait quitté la station Syntagma. Les thermes ont été dégagés, la ventilation a été construite un peu plus au sud. Mais à proximité de ces thermes, au-dessus du cimetière lorsqu’il a été abandonné, il y a eu un grand complexe de bâtiments dont quinze pièces ont été dégagées, dont la construction remonte à deux phases, la première de la fin du troisième siècle de notre ère ou du tout début du quatrième siècle, et la seconde située dans les cinquième et sixième siècles. C’est dans ce bâtiment qu’a été trouvée cette mosaïque de sol.

Le “musée” du métro Syntagma, à Athènes. Le 14 novembre 2013
Le “musée” du métro Syntagma, à Athènes. Le 14 novembre 2013

Dans l’une des pièces de ce bâtiment, on a retrouvé une centaine de lampes, datant du quatrième au sixième siècle. J’en montre deux ici, la première du quatrième siècle, et l’autre du sixième siècle. Le grand panneau explicatif, qui donne tout plein d’indications très intéressantes, ne dit pas s’il y a une explication à une telle accumulation de lampes dans un même endroit, par exemple si c’était la réserve où on les rangeait le jour, pour changer leurs mèches, y refaire le plein d’huile, puis le soir les répartir dans les diverses pièces au gré des besoins. Quant à la présence de lampes dont certaines ont deux cents ans de plus que d’autres, cela prouve simplement que leur durée de vie est illimitée, tant qu’on ne les a pas brisées en les faisant tomber.

 

Une suggestion: Si vous avez un rendez-vous à donner dans le centre d’Athènes, proposez donc la station Syntagma, devant le “musée”. Ainsi celui des deux qui arrivera le premier aura de quoi s’occuper en attendant!

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