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2 décembre 2016 5 02 /12 /décembre /2016 23:55

Le musée archéologique national, à Athènes, malgré son immensité, regorge d’objets qu’il ne sait plus où stocker, à défaut de pouvoir les exposer. C’est dire à quel point sa visite est passionnante. Ceci est le quatrième article que je lui consacre: on ne se lasse pas de le visiter, et on n’a jamais tout vu. Le premier était en date du 8 mars 2011; le second, intitulé “Sounion, musée archéo, Mycènes, Épidaure” est daté 24 et 25 juin 2011 (à l’occasion de la visite que nous a rendue notre ami palermitain Angelo); le troisième était plus particulièrement consacré à la présentation du naufrage d’Anticythère (23 avril 2012). Aujourd’hui, c’est avec joie que je profite de la visite de ma sœur et de mon beau-frère pour les emmener voir ces merveilles… et nourrir une quatrième visite.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

Cette terre cuite est très, très ancienne. Elle remonte à 4500-3300 avant Jésus-Christ. Étant donné la position de cet homme, les archéologues l’ont surnommé “le Penseur”. Il provient des environs de Karditsa, en Thessalie. C’est la plus grande statuette connue de cette époque. Quoique son sexe soit brisé, on se rend compte qu’il était fortement ithyphallique, ce qui suggère qu’il s’agit de la statue de culte d’une divinité de la végétation et de la fertilité.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

Quoique beaucoup plus récente, cette statue en bois d’une femme égyptienne occupée à moudre des céréales n’en est pas moins très ancienne puisqu’elle remonte à l’Ancien Empire, cinquième dynastie, règne de Niuserre, c’est-à-dire entre 2416 et 2392 avant Jésus-Christ. Elle a été trouvée dans la tombe d’un courtisan nommé Ti, à Saqqarah (près de Memphis). Ces figurines d’hommes et de femmes placées dans les tombes de notables sont appelées ouchebti, elles représentent des serviteurs qui, après la mort de leur maître, effectueront pour lui tous les travaux domestiques dans l’au-delà.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

Ce gros plan sur la lame d’un poignard du seizième siècle avant Jésus-Christ permet de voir la remarquable scène de chasse au lion qui y est représentée.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

Cette bague en or du seizième siècle avant Jésus-Christ est mycénienne. Elle servait de sceau à son propriétaire. On y voit là aussi une scène de chasse: un archer, sur un char attelé de deux chevaux lancés au grand galop, bande son arc pour tirer une flèche sur un cerf qui s’enfuit.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014
Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

Encore un bijou mycénien en or, datant du seizième siècle avant Jésus-Christ. Ce superbe collier est constitué de dix plaquettes représentant chacune deux aigles affrontés face à face, symboles de pouvoir. J’ai dû ajouter un gros plan sur deux de ces plaques pour montrer la qualité des détails réalisés par le joaillier.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

C’est dans la Crète minoenne qu’est apparu l’art de le fresque murale, pour ce qui concerne le monde égéen. Il s’est répandu, à partir de là, dans les régions en contact, c’est ainsi qu’à Santorin ont été trouvées les incroyables fresques d’Akrotiri (le site était fermé lorsque nous nous sommes rendus dans cette île, du 19 au 21 septembre 2011, il est rouvert, nous comptons retourner à Santorin le visiter dans les mois qui viennent). Puis les Mycéniens ont débarqué en Crète à la fin du quinzième siècle et au début du quatorzième, ils ont anéanti le pouvoir minoen, mais ils se sont largement inspirés de leur art et de leur civilisation. La fresque ci-dessus provient de l’acropole de Mycènes et date du treizième siècle avant Jésus-Christ. Les couleurs, constituées de minéraux naturels broyés, ont été appliquées sur un plâtre humide.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

Cette grande statuette en ivoire provient d’une tombe du Dipylon, au Céramique d’Athènes. C’est une déesse, représentée comme une femme nue qui porte sur la tête une couronne (πόλος, polos) décorée. Elle est l’œuvre d’un artiste grec, mais qui s’est inspiré de l’art du Proche-Orient (Syrie) pour cette sculpture datée 730-720 avant Jésus-Christ.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014
Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

Cette jeune femme est une princesse, la fille d’Akanoch II, grand chef de la tribu Ma, de Libye. Nous apprenons aussi qu’elle est contemporaine de la vingt-cinquième dynastie d’Égypte, soit vers 670 avant Jésus-Christ, et qu’elle est appelée Takuchit, ce qui signifie l’Éthiopienne, mais cela ne veut pas dire qu’elle est éthiopienne, puisqu’elle est libyenne: cela veut dire qu’elle est mariée à un Éthiopien, ou qu’elle est en relation avec un Éthiopien. Et elle a été trouvée au sud d’Alexandrie, à Kom Tourougka, près du lac Maréotis. La belle statue est faite d’un alliage de cuivre, et sa robe moulante est décorée d’inscriptions en hiéroglyphes et de divinités de sa région, le nord-est du delta du Nil. Ces décorations sont faites par incrustation d’un fil de métal précieux dans le corps de la statue qui, visiblement, joue un rôle rituel, votif et funéraire.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

Revenons au monde grec avec quelques statuettes intéressantes. Ici, Zeus lance la foudre, c’est Zeus Kéraunios. Étant donné qu’en grec ancien ἀλέκω (alékô) signifie j’écarte, je repousse, et que sous forme de première partie de mot cela devient ἀλεξι-, on comprend qu’en grec moderne αλεξικέραυνο (aléxikérauno) signifie un paratonnerre. Cette statuette provient du sanctuaire du dieu à Dodone (voir mon article Île de Ioannina et Dodone, du 28 décembre 2010) et date du sixième siècle avant Jésus-Christ.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

C’est sans doute sur un cratère ou sur un chaudron que figurait en décoration cette athlète en pleine course, probablement une Spartiate prenant part aux jeux féminins d’Olympie en l’honneur d’Héra. C’est un atelier de Laconie qui l’a exécutée vers 550-530 avant Jésus-Christ.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

Cette figurine de cerf provient sans doute elle aussi de la décoration d’un cratère, sans doute aussi elle a été produite par un atelier laconien. Par son style, il est visible qu’elle est plus récente que les deux figurines précédentes: elle est datée du cinquième siècle avant Jésus-Christ.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

On connaît l’expression “tomber de Charybde en Scylla”, pour dire que l’on passe d’une situation catastrophique à une autre encore plus catastrophique. Cela fait référence aux aventures d’Ulysse, dans l’Odyssée d’Homère. Ces deux divinités, à l’entrée du détroit de Messine, entre la Sicile et le continent, s’attaquaient aux navires qui passaient entre elles. Charybde avalait l’eau de la mer avec les navires qui s’y trouvaient, puis la vomissait. Scylla était un monstre au corps terminé par des gueules de chiens, qui dévoraient tout ce qui passait à leur portée; lorsque les navires d’Ulysse sont passés à proximité, six de ses marins ont été dévorés. En voyant cette statuette de la fin du quatrième siècle avant Jésus-Christ, on reconnaît en elle la terrible Scylla.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

Avec son masque de comédie, ce personnage est un acteur comique. Cette figurine est l’œuvre d’un atelier attique et date de 350-325 avant Jésus-Christ. Oh, ce n’est pas très correct, on voit son sexe dépasser de son vêtement, c’est probablement la caricature d’un héros de tragédie.

Musée archéologique national d’Athènes. 27 janvier 2014

Pour terminer, ces outils que le musée ne date pas, mais qui m’émerveillent quand je pense qu’ils remontent sans doute au début de notre ère. À gauche, ce sont des forceps, à droite un speculum vaginal muni d’un pas de vis pour en écarter les branches. À l’origine, on considérait la maladie comme une conséquence du geste de la trop curieuse Pandore qui avait ouvert la boîte contenant tous les maux de l’humanité. Mais la blessure, fait des humains, conséquence de la guerre ou d’un accident, a commencé à être soignée. Dès le sixième siècle, Asclépios et sa fille Hygieia (la Santé) ont commencé à être considérés comme des divinités pouvant soigner les maladies. J’ai dit (presque) tout ce qu’il convient de savoir sur le sujet dans deux articles de mon blog, d’abord Épidaure, daté 10 mars 2011, ensuite Sounion, musée archéo, Mycènes, Épidaure, daté 24 et 25 juin 2011.

 

Toutes les sciences, on le sait, sont nées de la philosophie. C’est le philosophe Hippocrate (460-370 avant Jésus-Christ), de Cos, qui a théorisé les causes des maladies, et de là les moyens de les soigner. Aussi est-il connu comme le père de la médecine, et non comme philosophe. Je donne un exemple de son admirable suivi médical d’une patiente dans mon article Musée archéologique de Thasos, daté 1er septembre 2012. La médecine va progresser jusqu’à Galien (129-216 après Jésus-Christ) avant de plonger dans l’obscurantisme pendant de longs siècles.

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