Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 septembre 2010 1 13 /09 /septembre /2010 10:15

583a1 Vers Erice en téléphérique

 

 

583a2 Vers Erice en téléphérique

 

Hier, nous avons quitté Palerme pour la seconde fois et sommes allés nous installer près de la mer, sur la commune de Valderice, c’est-à-dire près de Trapani, capitale de province, tout au bout à l’ouest de la Sicile. Près de la mer, cela signifie à une altitude zéro ou à peu près. De même pour Trapani, qui est un port et une plage. Et là, juste au-dessus, se dresse une masse énorme au sommet de laquelle a été édifiée une ville dans l’Antiquité. C’est Erice. Pour se hisser là-haut, à un petit peu plus de 750 mètres, il existe une route en lacets, mais il y a aussi beaucoup plus simple et plus amusant, un téléphérique. C’est très commode, un grand parking gratuit peut nous accueillir juste devant la gare, et les cabines défilant sans s’arrêter devant le quai, comme au ski, on n’a pas à attendre plus de quelques secondes. Ce n’est pas donné, c’est six Euros l’aller et retour, mais en haut le parking est payant, de plus il est petit et il n’est pas évident qu’il puisse accueillir un grand camping-car en pleine saison. Cela nous donne l’occasion d’admirer le paysage pendant l’ascension, malgré les vitres en plastique déformantes, sales et pleines de reflets. Visiblement, un incendie a ravagé le haut du mont et roussi le bas, mais nous pouvons apprécier l’extraordinaire dénivellation tout près de la mer.

 

583a3 Erice, accueil polyglotte

 

Entre la gare du téléphérique et la porte de ville, dans une petite baraque a été installé un bureau d’information touristique, où l’on est fort bien accueilli. D’abord, dans toutes ces langues, c’est sympa. Natacha, dont les deux parents sont ukrainiens, est particulièrement sensible au fait que, après le russe, l’ukrainien n’ait pas été oublié. Une jeune fille tout à fait charmante nous explique ce qu’il y a à voir, nous donne un plan format A3 et des dépliants. Grande compétence. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant, car sur son badge, son nom est précédé de son titre, dottoressa. Elle est docteur. Je ne sais s’il existe en Italie un doctorat de tourisme, ou si elle est historienne, ou littéraire, mais elle est capable de s’exprimer en langue autre que l’italien.

 

En terre cuite, en pierre ou en bronze, de nombreux objets retrouvés sur ce mont prouvent qu’il a été habité dès l’époque préhistorique. Une légende raconte que Éryx, fils d’Aphrodite, serait devenu roi des Élymes et aurait fondé la ville qui porte son nom, Erice. Les Élymes sont l’ancienne population qui occupait la région, jusqu’à Ségeste. De cette époque et de l’occupation carthaginoise qui a suivi datent les murs cyclopéens qui enserrent encore aujourd’hui la ville, murs que l’on désigne pour cela remparts élymo-puniques. Leur base, en gros blocs irréguliers, date du septième siècle (œuvre des Élymes), et la partie supérieure, régulière, est du sixième siècle (Carthaginois). Ce sont les Carthaginois qui introduisirent le culte de leur déesse Astarté qui, par la suite, lors de l’établissement des Grecs, a été identifiée à Aphrodite et, lors de l’occupation romaine, à Vénus. De tout le monde romain, le culte de Vénus Érycine a attiré pendant des siècles de très nombreux pèlerins auprès de cette déesse de la fécondité et de ses prêtresses qui pratiquaient la prostitution sacrée. D’ailleurs, à Rome, deux temples étaient dédiés à Vénus Érycine. Celui d’Erice existe encore, transformé en château par les rois normands, pour cela appelé Castello di Venere. Un tel culte, si puissant, fit d’Erice l’un des bastions du paganisme les plus résistants à l’implantation du christianisme. La légende raconte que, la nuit de la naissance de Jésus, le temple de Vénus s’écroula. En réalité, c’est l’empereur Constantin qui ordonna de le détruire, et d’en utiliser les pierres pour construire, à l’autre bout du rocher, une chapelle devenue, avec les rois de Sicile, la cathédrale. Et les fondations du temple furent réutilisées par les rois Normands pour des bâtiments du château.

 

583b1 Erice, la cathédrale

 

583b2 Erice, la cathédrale

 

C’est en 1312 que le roi Frédéric II d’Aragon décide de construire, à la place de la chapelle de Constantin, la Chiesa Madre (l’Église Mère), le Duomo. Une partie de la voûte s’est écroulée en 1853 et une partie encore plus importante en 1857 mais on entreprit immédiatement de la reconstruire, ce qui fut achevé en moins de dix ans (déjà, en 1652, le toit s’était effondré). Toutefois ce portique de façade date de 1426, il était destiné à accueillir, pendant les offices, les pénitents interdits de pénétration dans l’église avant que soit purgée leur peine, ainsi que les non baptisés.

 

583c1 Erice, la cathédrale

 

Quant au campanile, il date de la fin du treizième siècle, voulu par Frédéric III d’Aragon. Sa base carrée de huit mètres de côté, ses vingt-huit mètres de haut, ont fait de lui, outre sa fonction de clocher, une plate-forme d’observation défensive, car il ne faut pas oublier que cette hauteur s’ajoute aux 751 mètres du rocher. De là-haut –et je parle d’expérience parce que nous avons gravi les 108 marches de l’escalier– la vue embrasse un horizon immense, sur mer et sur terre. Il a aussi servi, à mi-hauteur, de petite prison pour les condamnés de l’Église.

 

583c2 Erice, la cathédrale

 

583c3 Erice, la cathédrale

 

Avant de pénétrer dans l’église, voyons de plus près deux éléments seulement aperçus sur mes photos générales. C’est, sur l’église, cette superbe rosace de pierre qui, je trouve, a beaucoup du style arabe, et, sur le campanile, cette fenêtre dont la pierre tendre a été érodée au cours des siècles mais qui n’en a peut-être que plus de douceur dans ses formes.

 

583d1 Erice, la cathédrale

 

583d2 Erice, la cathédrale

 

Suite à l’effondrement de l’église au milieu du dix-neuvième siècle, seules les deux rangées de colonnes et les arcs ogivaux qu’elles soutiennent ont été épargnés et ont été conservés, le reste est une reconstruction néogothique. Le magnifique plafond de la voûte n’est pas de pierre, c’est une décoration de stuc.

 

583e1 Erice, cathédrale, croix de saint Benoît

 

583e2 Erice, musée de la cathédrale, st Joseph et Jésus

 

Évidemment, ce n’est pas tout ce qu’il y a à admirer dans ce duomo, mais il y a tant à voir à Erice que je suis obligé d’être bref sur chaque endroit. Par le transept gauche, on a accès à un petit musée. J’en retiens cette belle croix avec saint Benoît, toute d’argent repoussé et ciselé, et en vermeil pour la représentation de saint Benoît. Elle a été exécutée avant 1560.

 

Et puis cette statue de saint Joseph avec l’Enfant Jésus. Il n’est pas fréquent de voir saint Joseph autrement qu’en figurant dans les représentations de la Sainte Famille. Dans les Nativités, il est présent, mais guère plus que le bœuf et l’âne, Marie s’occupe de Jésus, les bergers offrent des agneaux, les Mages se prosternent avec leurs présents, et lui se tient debout dans un coin. Pourtant, il a joué son rôle éducateur comme s’il était le père de Jésus, avant de devenir pêcheur Jésus a travaillé dans l’atelier de charpentier de Joseph, mais les deux hommes ensemble ne sont pas souvent représentés. Et ici, c’est un père de famille qui tend la main vers son fils avec sollicitude. Mais Jésus, en petit garçon récalcitrant qui ne regarde pas son père, me plaît moins. Je lui trouve un air de gamin orgueilleux. Cette statue de bois taillé polychrome date du début du dix-huitième siècle.

 

583f Erice, San Domenico

 

Cheminant par les ruelles médiévales infestées de boutiques pour touristes mais qui n’ont cependant pas perdu tout leur cachet, nous passons devant cette église San Domenico, sur la place du même nom. Elle ne se visite pas, mais de toutes façons il y a tant d’églises à Erice qu’il est impossible de les voir toutes. Cette façade, comme celles de toutes ou presque toutes les églises d’Erice, est simple et sèche, elle ne comporte que peu d’ornementations. D’une part, la plupart des églises d’Erice constituent la récupération d’édifices antérieurs, de sorte que le mur de façade suit un plan rectiligne. D’autre part, les architectes utilisaient la pierre de la région, tendre et friable, et ils privilégiaient une surface plane sur laquelle se verraient moins les injures du temps.

 

583g1 Eice, Sant'Alberto dei Bianchi

 

Nous arrivons ainsi à l’église Sant’Alberto dei Bianchi. Construite en 1371, c’est l’une des premières églises dédiées à ce saint mort en 1307. Le Cercle des Blancs (Bianchi, en italien), association d’hommes pouvant prouver leurs quartiers de noblesse, s’est constitué en 1568 et, de cette date, il a été chargé du patronage de Saint Albert, d’où cette appellation de Saint Albert des Blancs. Une reconstruction de la fin du dix-huitième siècle lui a donné ses stucs néoclassiques de 1794.

 

583g2 Eice, Sant'Alberto dei Bianchi

 

Cette statue représentant saint Albert est en bois polychrome et date de la seconde moitié du dix-neuvième siècle. La niche où elle se trouve est beaucoup trop grande pour elle, parce que ce n’est pas cette statue qui devrait s’y trouver, mais un autre saint Albert, debout, en marbre. Lorsque, en 1950, on a fermé l’église pour des travaux de réfection devant durer plusieurs dizaines d’années, la statue de marbre exécutée en 1654 a été transportée sur la place devant une autre église (San Giuliano). Et puis elle y est restée après la réouverture en 2007.

 

583g3 Eice, Sant'Alberto dei Bianchi

 

Près d’Erice se trouve une petite commune agricole du nom de Custonaci dans l’église de laquelle – déjà attestée en 1339– se trouve l’original de cette Vierge à l’Enfant, tableau sans aucun doute réalisé au seizième siècle. Une copie du dix-neuvième siècle, comme celle-ci, se trouve également dans la Chiesa Madre. Cette Madonna di Custonaci (l’original, bien sûr) était appelée Madonna dell’Acqua parce qu’elle était portée en procession de Custonaci à Erice et retour pour demander la pluie pour l’agriculture, et son culte était répandu dans toute la Sicile. Le style du tableau le rattache à l’école d’Ombrie et du Pérugin, mais avec une probable influence catalane si l’on considère les ramages fleuris de la robe de Marie ainsi que les deux petits anges qui déposent une couronne sur sa tête.

 

583h1 Erice, monastère du Très Saint Sauveur

 

Et nous voici au monastère du Très Saint Sauveur (Santissimo Salvatore). Désolé, je vais devoir parler Histoire, c’est indispensable pour comprendre son origine. C’est la fin du treizième siècle, avec ses luttes entre Anjou et Aragonais. Charles d’Anjou s’est fait couronner roi de Sicile en 1266 par le pape Martin IV après avoir défait Manfred et fait exécuter Conrad. Le peuple, qui voulait la dynastie des Normands et Souabes, est furieux. Le 31 mars 1282, lundi de Pâques, ce sont ce que l'on a appelé les Vêpres Siciliennes. Au moment où sonnent les vêpres à Palerme, un événement mineur –un soldat français insulte une femme sicilienne– déclenche une rixe, de là une émeute, puis un soulèvement de la ville et de toute la Sicile. Le peuple massacre les Français. La fille de Manfred et petite-fille du grand empereur Frédéric, Constance de Hohenstaufen, est une Souabe, et parce qu’elle est mariée à Pierre III d’Aragon, les Siciliens font appel à l’aide de celui-ci qui, trop heureux de faire la nique au Français, arrive au galop. Charles d’Anjou, qui était établi à Messine, juge plus sage de céder le terrain sans une guerre qu’il risque fort de perdre et se retire sur Naples, préférant garder son royaume continental et abandonner l’île. Les Siciliens couronnent Pierre II d’Aragon roi de Sicile. Mais le pape, qui se rappelait qu’en 1072 les Normands avaient chassé les Musulmans de Sicile au nom de l’Église du Christ, prétend être seul habilité à couronner un roi de Sicile, et il excommunie en bloc tous les Siciliens.

 

La même année 1285 voit mourir Pierre III d’Aragon et Charles d’Anjou. Côté Anjou, à Naples, c’est Charles II le Boiteux qui succède à son père, quoique restant prisonnier des Aragon jusqu’en 1288. Côté Aragon, Pierre III avait souhaité qu’après sa mort le royaume d’Espagne et celui de Sicile restent séparés, aussi son fils Alphonse III assume-t-il les possessions d’Espagne et son autre fils Jacques I le royaume de Sicile. Mais quand, en 1291, Alphonse III meurt sans héritier, normalement, Jacques Premier de Sicile devrait lui succéder en Aragon et laisser la Sicile au troisième fils de Pierre III, son frère Frédéric d’Aragon, mais il n’en fait rien et prend la succession sur l’ensemble au mépris du testament paternel et devient Jacques III d’Aragon tout en gardant la Sicile. Pire, aux termes d’un accord avec le pape Boniface VIII, il va trahir le peuple sicilien en 1295 en rendant le trône de l’île aux Anjou en échange de la Corse et de la Sardaigne. Évidemment, les Siciliens refusent de reconnaître ce roi parachuté et le 25 mars 1296 ils remettent la couronne au troisième fils de Pierre III, Frédéric II d’Aragon. Enfin, en 1302, mettant fin à cette problèmes de succession et satisfaisant les revendications siciliennes, la paix de Caltabellotta partage le royaume en deux, il y aura le Royaume de Sicile (mais oui) sur le continent avec sa capitale à Naples et ses rois angevins, et le Royaume de Trinacria dans l’île, capitale Palerme, avec ses rois aragonais.

 

En cette fin de treizième siècle, le comte Enrico Chiaramonte est l’heureux propriétaire d’un palais à Erice. Il a juré fidélité à Jacques Premier, mais lorsque ce dernier, en 1292, garde pour lui Sicile et Aragon, il prend le parti de Frédéric, le frère lésé qui aurait dû devenir roi de Sicile. Jacques Premier accuse alors de félonie Chiaramonte qui, pour échapper à la peine capitale, doit s’exiler de toute urgence. Mais lorsque les Siciliens proclament roi Frédéric II, le nouveau roi gracie le comte Chiaramonte qui avait pris son parti. Le comte peut enfin rentrer à Erice et reprendre possession de ses biens. Pour remercier le Seigneur d’avoir permis ce renversement de situation et sa grâce, Chiaramonte donne son palais d’Erice aux Bénédictins pour y construire un monastère dédié au Très Saint Sauveur. En 1588, le monastère a été agrandi pour accueillir 50 Bénédictins. Et ce sont les ruines de ce monastère que nous visitons à présent.

 

583h2 Erice, monastère du Très Saint Sauveur

 

Dans ce monastère, on avait une spécialité de boulangerie et de pâtisserie, notamment les fameux "dolci di badia" ("gâteaux d'abbaye") qu’Erice continue de produire, même maintenant que le monastère a été déserté. C’est dans ces salles que se trouvaient les grandes cuves de bois où l’on pétrissait la pâte ainsi que les vastes tables sur lesquelles on modelait le pain et les gâteaux et laissait reposer la pâte. Au sol étaient entreposées les jarres et autres récipients contenant l’huile, les conserves et tous les produits et accessoires nécessaires à la pâtisserie. Et dans une salle attenante, les fours.

 

583h3 Erice, monastère du Très Saint Sauveur

 

Ici l’on faisait la farine. Un mulet tournait sans relâche dans ce cercle, entraînant la meule du moulin. L’un des murs est creusé d’une mangeoire, l’autre d’un abreuvoir.

 

583h4 Erice, monastero del Santissimo Salvatore

 

Encore une dernière vue de ce monastère avant de repartir. Après la dissolution des congrégations, il a été laissé à l’abandon et on a vu en quel état de ruine il se trouve aujourd’hui. Mais en isolant des pans de murs comme celui-ci, on peut voir qu’il avait fière allure.

 

583i1 Erice, San Giuliano

 

583i2 Erice, San Giuliano

 

Encore une église. C’est San Giuliano, Saint Julien. Le Normand Roger Premier vient de prendre la Sicile aux Arabes en 1072 et déjà, en 1076, il décide de la construction de cette église chrétienne, qui sera donc l’une des toutes premières d’Erice. Pendant la guerre de conquête, les Normands avaient invoqué saint Julien, ils ont donc pensé qu’ils lui devaient la victoire. Ils l’ont nommé "le Libérateur" et ils en ont fait le protecteur de la ville. D’ailleurs, depuis le douzième siècle jusqu’en 1936, le mont sur lequel est bâti Erice s’est appelé Monte San Giuliano. Au début du dix-septième siècle l’église menaçait de s’effondrer, on a donc dû procéder à des travaux et on en a profité pour l’agrandir puis, la voûte de la nef centrale s’étant écroulée en 1927, le bâtiment a alors été restructuré. Le campanile baroque, lui, est de 1770.

 

583i3 Erice, San Giuliano

 

Mais c’est surtout à l’intérieur que cette église est intéressante. Non pas vraiment par son aspect général, car sa nef n’a rien d’exceptionnel, mais plutôt par ce qu’elle renferme.

 

583i4 Erice, San Giuliano

 

583i5 Erice, San Giuliano

 

Dans le bas de l’église, on trouve cet étonnant escalier à vis qui ne monte nulle part, il n’y a rien de l’autre côté du mur et donc aucune porte n’a été murée. J’ai un dépliant sur les monuments d’Erice, un guide pour la visite de la ville et nous avons acheté un petit livre sur les églises d’Erice. Nulle part il n’est question de cet escalier. Je suppose qu’il menait à une tribune qui s’est effondrée en 1927.

 

Le bénitier, lui, est l’un des rares éléments provenant de l’église d’origine. Outre l’intérêt qu’il présente du fait de son ancienneté, sa forme est élégante et j’aime l’opposition du bois de la partie supérieure et de la pierre de sa base.

 

583j1a Erice, San Giuliano

 

583j1b Erice, San Giuliano

 

Placées dans le bas-côté et donnant l’impression de n’être qu’en dépôt provisoire, plusieurs scènes sculptées représentent avec réalisme des épisodes de la Passion du Christ. Le détail du visage de cet homme qui tire la langue est tiré d’une scène où le Christ est moqué et insulté. Sans doute, ce ne sont pas des œuvres impérissables, mais c’est suffisamment original et élaboré pour que je m’y sois arrêté et que j’aie envie de les montrer.

 

583j2 Erice, chiesa di San Giuliano

 

Indépendamment de ces scènes de la Passion, mon regard a été attiré par cette Vierge. Elle est en position assise, le corps est un peu lourd, c’est pourquoi j’ai également pris une photo cadrée sur le visage que je préfère choisir ici. Par ce regard baissé sous des paupières à demi closes, par ce geste délicat des mains, je ne sais ce que l’artiste a voulu exprimer. Peut-être était-ce un groupe de l’Annonciation, où Marie baisse les yeux avec humilité devant le rôle qu’il lui incombe de jouer, les mains exprimant le doute quant à sa capacité à y faire face. Peut-être Marie est-elle accroupie près de son Fils mort, la moue de sa bouche exprimant la tristesse, par son geste elle s’en remet à Dieu. Quoi qu’il en soit, je trouve splendide cette sculpture.

 

583j3 Erice, San Giuliano

 

De l’autre côté, une salle en très mauvais état dont je ne comprends pas la définition, apparemment pas la sacristie –mais après tout peu importe– une salle, dis-je, porte sur le mur du fond ce grand Crucifix en bois du seizième siècle.

 

583k1 Erice, San Giuliano, sujets en cire

 

583k2 Erice, San Giuliano, sujets en cire 

Depuis des siècles, la Sicile s’est fait une spécialité du travail plastique de la cire, dans des représentations expressives et dramatiques. Le plus célèbre de ces céroplasticiens est Gaetano Giulio Zummo, né à Syracuse en 1653 et mort à Paris en 1701, dont les œuvres sont conservées dans des musées de Florence et de Londres. À Erice, ce sont les Carmélites du couvent de Sainte Thérèse, fondé en 1701, qui se sont fait une spécialité de représentations de saints en cire parmi les plus vénérés et de la Vierge, mais surtout de l’Enfant Jésus. Lors de la dispersion des congrégations religieuses au dix-neuvième siècle, les Carmélites transférèrent leur activité et leurs collections à l’orphelinat Saint Charles.

 

Mes photos souffrent du fait que j’ai été obligé de les prendre à travers des vitres dont il m’était impossible de supprimer les violents reflets. Néanmoins, ces deux Petits Jésus donnent une idée de ces œuvres en cire. Mais il y a aussi dans cette salle attenante à l’église San Giuliano des œuvres de plus grande dimension, par exemple une Cène, la table garnie, Jésus entouré de ses douze apôtres. Mais c’est sombre, et même à l’œil nu difficile à voir du fait des reflets créés par la lumière dans le dos. Dommage.

 

Lorsque nous sommes ressortis de cette église et des salles d’exposition, il était temps de rentrer. Nous n’avons même pas vu toutes les églises figurant sur le billet groupé que nous avons acheté (il en reste deux), et le château normand est lui aussi intéressant, paraît-il. Peut-être reviendrons-nous avant de quitter la région, sinon ce sera… pour un autre voyage. En attendant, nous reprenons le téléphérique.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Thierry Jamard
  • : Un long, long voyage d'observation et de description culturelle à travers l'Europe. Paysages, histoire, architecture, peinture, sculpture, mythologie et religions, société, tout ce qui me tombe sous les yeux.
  • Contact

Recherche