Il y a, au Museo di Roma, une exposition temporaire sur les festivités de la semaine du Carnaval, autour du Mardi Gras, avec la traditionnelle course de chevaux libres sur le Corso. Or, comme je l’ai dit l’autre jour, nous avons manqué l’édition 2010 mais il serait intéressant de voir comment cela se passait, du Moyen-Âge à nos jours. De plus, c’est un musée municipal romain et, à ce titre, les Parisiens ont l’entrée gratuite. Pourquoi, alors, s’en priver ?
Puisque ce musée se tient près de la piazza Navona, dans le Palazzo Braschi à l’angle duquel est placée l’illustre statue parlante de Pasquino, nous allons jusqu’à lui, qui depuis notre arrivée est emmailloté sous des bâches pour raison politique (pour lui rendre la parole, dit l’affiche, c’est facile, il suffit de dire la vérité), sûr –hélas– qu’il n’a aucune chance d’être découvert avant les élections régionales de la fin du mois. Et encore. Mais, ô miracle, la statue s’offre toute nue à nos yeux ébahis.
Le 27 décembre, pensant avoir quitté Rome avant qu’il ne soit dévoilé, j’avais parlé de lui. Je disais que cette statue du troisième siècle avant Jésus-Christ avait fait partie d’un groupe représentant Ménélas, le roi de Sparte au temps de la guerre de Troie, portant Patrocle, l’écuyer d’Achille, mort au combat. Sur ma photo, c’est Ménélas que l’on voit, et devant lui apparaît le ventre de Patrocle. Personne n’avait voulu de cette statue trouvée piazza Navona au quinzième siècle dans un si piteux état. Alors elle a été placée là et y est restée. Les Romains, pour déjouer la censure, en ont fait une statue parlante : ils lui confiaient en cachette des billets portant slogans et épigrammes, dont le contenu une fois découvert au matin faisait en un clin d’œil le tour de Rome. Nous appelons cela le téléphone arabe. Il serait tout aussi bien nommé téléphone romain. Ou “pasquinade”.
J’avais scanné dans notre livre de gravures d’Achille Pinelli cette représentation de Pasquino, avec l’intention de la publier dans mon blog avant de quitter Rome, pour le cas où je ne pourrais le photographier au naturel. Je peux donc l’ajouter ici à ma présentation de la plus célèbre statue parlante de Rome.
Et l'on voit qu'il en avait assez d'être muet, le Pasquino. Les “coups de gueule”, plus ou moins gentils, se sont vite multipliés sur le panneau qui est censé être sa voix. Il y a par exemple une protestation contre la loi anti avortement et pour la liberté des femmes, d'autres sont plus directement politico politiciennes. Les étrangers ne se privent pas de le faire parler, mais je ne suis pas capable de comprendre ce qu'il dit en allemand ou en japonais.
Satisfaits, nous pouvons nous rendre au musée. Nous l’avons visité en détail le 6 janvier. La photo y est autorisée pour les collections permanentes, pas pour les expositions temporaires. Alors, même si nous avons plaisir à repasser par des salles connues, je ne vais pas recommencer à en publier mes photos. Aujourd’hui, je me limiterai à trois. Celle-ci, avec ses monstres marins à figure humaine, a été prise dans l’escalier, ce bas-relief fait partie de la décoration du palais lui-même.
Ce marbre sculpté en 1782 par Giovanni Pierantoni représente le pape Pie VI (1775-1799) visitant la salle des Muses du musée Pio-Clementino, l’un des grands musées du Vatican. Il est en compagnie de Giovanni Battista Visconti et du fils de celui-ci, Ennio Quirinio, qui sont les responsables des collections. Pas peu fier, le Giovanni Battista ! Je rappelle que nous sommes au palazzo Braschi, or le pape Pie VI est un Braschi ; nous sommes donc chez lui en ce moment.
Je terminerai avec cette peinture à l’huile sur toile représentant la place du Panthéon par Ippolito Caffi. Le tableau a été réalisé aux alentours de 1837, lors de l’un des premiers séjours de Caffi à Rome. On sait qu’il fréquentait là les premiers photographes, et il paraît que ses toiles de cette époque méritent d’être rapprochées de photos… que malheureusement le musée ne présente pas et qui pourtant seraient de nature à satisfaire la curiosité gourmande des visiteurs. Déçu, je m’arrête là.