Pas plus hier que la nuit précédente, nous n’avons trouvé de camping pour nous accueillir. Mais la station-service d’autoroute, juste avant la sortie pour l’embarquement vers la Sicile, dispose d’un grand parking où nous pouvons nous isoler du trafic et où nous avons passé la nuit. Avant de partir, nous allons voir le paysage dont nous avons aperçu les lumières à la nuit. Mais oui, c’était bien la Sicile. Le bras de mer du détroit de Messine ne fait que trois kilomètres mais il n’y a toujours pas de pont. Et pourtant, cela se justifierait si l’on compare les 5 millions d'habitants de l’île, plus les 5 millions d'expatriés recensés dans les consulats et susceptibles de rentrer pour des vacances au pays, avec les moins de vingt mille habitants d'Oléron qui disposent d’un pont de 3021 mètres ou avec les moins de dix-huit mille habitants de Ré qui sont reliés au continent par un pont de 3840 mètres. Il est vrai que ces deux îles françaises accueillent chaque année des masses de touristes, mais la Sicile non plus n’est pas en reste dans ce domaine.
Nous tournons donc nos roues vers le port de Villa San Giovanni. Il n’y a pas le choix car si des bateaux partent également de Reggio di Calabria, ils n’embarquent que des passagers, pas de véhicules. Nous prenons les billets et allons attendre dans la file de voitures. Ce n’est d’ailleurs pas bien long, parce que les rotations sont nombreuses.
Voici donc notre camping-car embarqué (derrière l'autocar). Il est interdit de rester dans les véhicules ou près d’eux pendant la traversée, des panonceaux le rappellent partout, mais n’oublions pas que nous sommes en Italie, où les règlements sont faits pour distraire le législateur. Un bon tiers des passagers restent dans leur voiture. Quant à nous, nous montons sur le pont supérieur pour jouir de la (courte) traversée.
Nous approchons de Messine, alors je me retourne pour dire un petit au revoir au continent. À bientôt, royaume de Naples, à bientôt, Calabre.
Et voilà Messine qui se profile. Ce que l’on voit en arrivant, c’est un quartier moderne, excentré, pas la vieille ville. De toute façon, nous avons décidé de bouder Messine, pourtant très intéressante, pour filer tout de suite vers l’ouest. Nous visiterons Messine au retour, puisque c’est de là que nous devons nous embarquer pour rejoindre le continent.
Quand nous reviendrons après avoir fait le tour de la Sicile, nous arriverons à Messine par l’est. Nous ne repartirons pas vers l’ouest, aussi faisons-nous dès aujourd’hui un petit détour sur la presqu’île de Milazzo pour aller voir le cap du même nom. Nous admirons, mais ne nous attardons pas et poursuivons notre route vers Cefalù, que nous avons définie comme notre prochaine étape.
Coincée entre la montagne et la mer, dorée sous la lumière de l’après-midi, hérissée de sa cathédrale normande, Cefalù nous apparaît derrière un premier plan verdoyant. C’est un joyau. Nous ne la visiterons pas aujourd’hui parce que nous voulons d’abord nous assurer d’une place au camping situé à cinq kilomètres, mais nous restons un moment, sur le bord de la route, à contempler le spectacle.
Nous voilà installés. Le camping est très grand, il s’étend entre la route et la plage, à laquelle on accède par une centaine de marches. Un autre camping est accolé au nôtre. La plage n’est pas une plage privée, mais on ne peut y accéder qu’à partir de ces deux campings. Lorsque nous allons nous y promener, il est plus de 20h30, elle est absolument déserte. On n’entend que les vaguelettes qui viennent mourir sur le sable, et puis une voix de jeune fille, en français, qui parle au téléphone, là-haut, derrière la balustrade de son camping. Nous restons un bon moment à regarder le soir tomber sur la mer.