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1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 17:56

332 Rome, accademia di Romania

 

Sur Internet, nous n’avons pas trouvé d’information concernant la grève de la villa Giulia (musée national des antiquités étrusques), qui avait déçu notre soif de visite du 11 novembre. Était-ce le fait d’une journée, était-ce une grève illimitée, nous n’en savons rien. Nous décidons donc de tenter notre chance aujourd’hui.

 

Le bus n°3 pris à notre descente du métro à San Giovanni nous dépose, à son terminus, place Thorvaldsen, après un long trajet à travers des quartiers de Rome que nous ne connaissions pas. De là, nous sommes à quelques minutes à pied de notre musée, mais nous passons devant l’Académie de Roumanie, magnifique bâtiment de taille imposante, comme quoi ce pays trop ignoré et plombé par les années passées derrière le "Rideau de Fer" ne doit en aucun cas être considéré comme secondaire sur le plan culturel. C’est l’occasion pour Natacha de regretter que la Biélorussie n’ait strictement rien ni à Paris ni à Rome pour évoquer tous les intellectuels, écrivains et artistes en tous genres qui ont vu le jour et vécu sur son territoire sous quelque bannière que ce soit puisque cette terre a été dominée au cours des siècles par la Lituanie, la Russie, la Pologne avant d’être dévoré tout cru par l’Union Soviétique. Et de constater que l’Ukraine –ses deux parents en sont originaires– dont le gouvernement est aujourd’hui plus démocratique que celui du Biélorusse Loukachenko, a ouvert il y a deux ou trois ans un centre culturel dans un appartement chic de l’avenue de Messine à Paris, mais qu’il ne s’y passe pratiquement rien, et que le pays n’a aucune représentation culturelle à Rome. Et pourtant, il y aurait des possibilités d’intéresser un public, puisque dans plusieurs librairies nous avons vu des dictionnaires italien/ukrainien et que, comme je le disais le 12 décembre, à l’université il y a des cours –et donc des étudiants– de langue et culture ukrainiennes.

 

333a Rome, villa Giulia

 

Hourra, le musée est ouvert ! Nous pénétrons par la porte que l’on voit au fond de cette photo dans les jardins de cette résidence construite par le pape Jules III pour sa villa d’été. Selon l’évangile, il est plus difficile à un riche d’entrer dans le royaume des cieux qu’à un chameau de passer par le chas d’une aiguille, sans doute est-ce pour s’appauvrir un peu qu’il dépensa tant d’argent dans ses résidences.

 

333b Rome, villa Giulia

 

Le portique en demi-cercle est entièrement décoré à fresque, murs et plafond voûté. Nous y avons passé un moment parce que le lieu est particulièrement joli et agréable.

 

333c Rome, villa Giulia

 

La fresque indiscontinue qui orne le plafond représente une treille garnie de grosses grappes, et de place en place la treille s’ouvre pour présenter des scènes diverses mais dont la plupart sont des enfants nus sur fond de ciel, avec quelques oiseaux voletant çà et là. En me promenant, j’ai choisi de prendre cette photo un peu au hasard, et ce n’est que maintenant, au moment de la publier, que je remarque un détail qui, peut-être, ne se verra pas bien sur mon blog où les photos sont réduites pour "peser" moins lourd, le petit garçon de gauche se regarde émettre un jet de pipi qui suit une gracieuse parabole. Du coup, si l’artiste s’est livré à ce genre d’humour, je regrette de ne pas avoir photographié plus de scènes.

 

333d Rome, villa Giulia

 

Et puis à l’autre bout de la pelouse, on trouve un nymphée délicat avec sculptures, grottes, bassin, mosaïque antique, cariatides, auquel on accède par l’un des deux escaliers en arc de cercle qui descendent de chaque côté de la loggia qui borne la pelouse au niveau de la rue.


333e Rome, villa Giulia 

 

 

Je montre ici un gros plan de l’une des cariatides que l’on aperçoit sur la vue d’ensemble du nymphée.

 

333f Rome, villa Giulia

 

Et maintenant un gros plan de la sculpture que l’on voit à droite de la vue d’ensemble.

 

333g Rome, villa Giulia

 

Une pierre représentant Mithra a été déposée là, hors des bâtiments du musée, sans légende ni explication sur sa provenance, sa date, etc. Encore heureux que je connaisse cette divinité asiatique d’origine phrygienne (d’où sur sa tête ce bonnet, caractéristique de notre Révolution) adoptée par les Romains, sinon je n’aurais même pas pu identifier le sujet.

 

Nous avons voulu profiter des jardins et des extérieurs tant qu’il faisait beau et jour, sachant que le musée ne ferme qu’à 19h30, ce qui laisse le loisir de le visiter à la nuit hivernale tombée. Mais hélas ici s’arrêtent mes photos, parce qu’il est interdit d’en prendre, même sans flash, à l’intérieur du musée. Je sais bien que sur ce sujet de l’interdiction de prendre des photos je radote, mais c’est le privilège de mon grand âge. Car enfin les Étrusques ne sont pas en mesure de faire valoir leur propriété intellectuelle ou artistique sur les œuvres qu’ils ont produites. Les cartes postales et autres reproductions en vente à la boutique ne concernent que les pièces les plus célèbres, qui ne sont pas forcément celles que nous souhaiterions avoir, et prendre en photo ce qui n’est pas en vente ne causerait aucun manque à gagner au musée. Et enfin au musée de Volterra, largement aussi riche, sinon plus, que celui-ci, et qui est aussi un musée national, la photo est libre, même avec flash (puisque les terres cuites et les pierres ne risquent pas de se détériorer à la lumière). Je ne comprends donc pas cette différence de politique, et ici nous nous sentons frustrés.

 

Je suis donc réduit à évoquer en passant le sarcophage des époux. Sans doute est-il intrinsèquement plus beau, plus pur, que celui de Volterra, que nous avons vu le 22 octobre, mais je préfère quand même celui de Volterra, avec ce visage de femme laide, où il y a plus de réalisme, et où on sent plus de tendresse entre les époux. Il est pour cela plus touchant à mon avis.

 

De la même époque, à savoir la fin du sixième siècle avant Jésus-Christ, est le groupe d’Apollon et Héraklès. Les statues ont été retrouvées à quelques kilomètres de Rome, à Véies, brisées, et les morceaux épars dans le sol. Le buste d’Héraklès est presque complet, mais pas l’Apollon. Je ne trouve pas iconoclaste, au contraire, l’intelligente reconstitution qui en a été faite, unissant les morceaux retrouvés par des parties moulées en plâtre, afin de redonner à la statue son aspect d’Apollon, alors qu’il aurait fallu de l’imagination, vraiment beaucoup d’imagination, pour parvenir à se représenter ce qu’avait pu être cette statue si l’on n’en avait vu que des fragments disposés à plat sur une étagère de musée. Quelle splendeur ! Le geste, le drapé, et ce visage, ce sourire… Très intéressante aussi, et présentée sur la même estrade, il y a une troisième statue, et je me dois de l’évoquer parce que, décidément, depuis quelques jours elle nous poursuit (j’ai parlé d’elle le 2 et le 12 décembre, nous sommes le 23, elle revient donc tous les dix jours environ), c’est Léto. Ici, elle porte dans ses bras son fils Apollon enfant.

 

Il y a tant et tant de choses belles, intéressantes, instructives à voir dans ce musée, que je pourrais citer mille objets. Mais citer des pièces de musée sans pouvoir les montrer, ce n’est pas l’objet de mon blog, c’est le rôle des guides touristiques qui indiquent à leurs lecteurs ce qu’ils pourront voir s’ils vont dans ce musée, afin qu’ils décident s’ils souhaitent s’y rendre, alors que moi je souhaite dire ce qui m’a ému, impressionné, intéressé, ébloui, ou ce qui m’a ennuyé, déçu, énervé, et faire participer à mes humeurs. Par conséquent, privé de photos je m’arrête là. À demain…

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